Il est toujours tiré sur les presses de l’imprimerie Chaix et la maquette ne change pas : 4 pages en couleurs et 4 pages en noir et blanc. Le bandeau–titre est stable depuis 1949.

En dernière page figure le trio de noms de l’équipe dirigeante qu’on retrouve depuis plusieurs années déjà : Jean Pihan, Gaston Courtois et Cyrille Rivière qui sont cités respectivement comme directeur délégué aux publications, président du conseil d’administration et membre du comité de direction.

On peut noter tout de même une légère augmentation de prix : de 20 F, le numéro passe à 21 F à partir du numéro 14. Mais en contrepartie, les numéros de 12 pages sont plus nombreux au fil de l’année. On en dénombre 11 contre 2 seulement en 1951. Ils tendent à devenir réguliers avec une cadence quasi mensuelle.

« Tu as remarqué la publicité dans Fripounet-Marisette ?» interroge la page 4 du numéro 12 qui poursuit : « Réjouis-toi ! Elle nous aide à t’offrir ce numéro de 12 pages. » La publicité en effet prend son essor. Les lobbies du sucre font travailler Maurice Cuvillier pour une série de 6 strips déjà vus l’année précédente et qui repassent en début d’année. C’est ensuite au tour d’Erik de prendre le relais avec la série des « Jeux du sucre ». Les chocolats des gourmets, les chocolats Menier, Suchard, Kohler, Kwatta, les bonbons La Pie qui chante, le Banania du petit-déjeuner sont souvent au rendez-vous comme les cahiers Clairefontaine, les stylos Météore ou les lames de rasoir Gillette. Malgré tout, l’espace total consacré à la publicité n’excède pas une demi-page par numéro et se cantonne toujours au noir et blanc.

Les numéros de 12 pages permettent de développer de nouvelles rubriques, notamment destinées aux plus âgés des lecteurs car à ce moment-là de l’histoire du journal, le public visé peut avoir 15 ou 16 ans, le même que celui d’Âmes vaillantes et Cœurs vaillants. Ainsi figure systématiquement au sommaire des numéros de 12 pages une pleine page intitulée « Réservé aux grandes » et une autre « Au carrefour des grands ». Dans ces numéros figure aussi une pleine page de jeux, « Joueurs rieurs chercheurs ». Même dans les numéros de 8 pages apparait une nouvelle rubrique : « Ici-Radio Fripounet » qui apporte chaque semaine presque sans exception trois ou quatre informations documentaires courtes concernant tous types de sujets dans les pages centrales en couleurs.

Bien sûr, la morale chrétienne demeure présente partout dans le journal, notamment par le biais du billet du « Pastoureau » qui comme l’année précédente, prend parfois la forme d’une bande dessinée avec un texte sous 5 ou 6 images. Le journal relaie les invitations du pape à prier pour le Japon, accompagne la campagne du Secours catholique contre le mal-logement et dresse déjà un portrait de l’Abbé Pierre dans un reportage. Il met en avant quelques figures exemplaires dans de courtes bandes dessinées à suivre comme celle d’Eugénie Bonnefois, créatrice d’une école pour enfants de forains (10 épisodes) ou de Saint Vincent de Paul (12 épisodes). Les fêtes religieuses, de Noël et de Pâques notamment, font l’objet de numéros particulièrement soignés.

Pour l’amateur de bandes dessinées, cette année 1952 de Fripounet et Marisette sera sans conteste celle de l’accession de Pierre Brochard à la cour des grands. Il est omniprésent dans le journal. Dès le numéro 1 débute la première aventure de Zéphyr, un jeune garçon de l’âge des lecteurs, qui, à la différence des autres héros que sont Sylvain et Sylvette, Fripounet et Marisette ou les Indégonflables de Chantovent, n’a pas d’attaches particulièrement rurales. Au début, cette nouvelle bande a un peu de mal à trouver sa place dans la maquette mais, à partir du numéro 18, elle est définitivement ancrée en dernière page en couleurs, situation privilégiée occupée précédemment par Sylvain et Sylvette qui se trouve reléguée à l’intérieur du journal en pages 4 et 5. Le style du dessinateur – et scénariste – s’affirme et se conforte tout au long de l’année. Un second épisode de Zéphyr débute aussitôt le premier terminé. Mais Brochard est également sur bien d’autres fronts : s’il n’illustre plus guère de nouvelles, cédant la place à des dessinateurs montants comme G.B. Baray, Maurice de la Pintière ou Jean-Louis Rochelle, il continue de mettre ses images au service d’articles documentaires, il signe même durant les grandes vacances scolaires une rubrique à lui tout seul, dessins et texte, consacrée à la photographie (« Les mystères de la chambre noire »). C’est lui qui dessine aussi la biographie d’Eugénie Bonnefois, évoquée plus haut, tout au long de 10 numéros. Enfin, il inaugure une série de strips publicitaires pour le chocolat Kwatta.

Dans une moindre mesure, d’autres dessinateurs se placent sur une trajectoire ascendante. Martial profite de l’espace supplémentaire apporté par les numéros de 12 pages pour placer une nouvelle série de gags, Les Contes de Grand-mère Souricette. Alain d’Orange perfectionne l’équilibre de ses noirs et blancs désormais bien au point et les expressions de ses personnages n’ont plus rien à envier à celles de Noël Gloesner. Pierdec diversifie ses interventions. De nouveaux dessinateurs font leur apparition : P. Marty, Jean Chakir, Yvan Marié. Et quelques « anciens » réapparaissent : Edouard-François Calvo pour quelques illustrations de nouvelles, Gervy pour des gags de Plouck et Manon Iessel pour la belle illustration de couverture du numéro de Noël.