Au milieu des années 70, deux visions de la bande dessinée s’opposent. L’une continue de proposer à la jeunesse des récits dans les styles graphiques et narratifs codifiés au cours des décennies précédentes. L’autre se veut en rupture avec ce classicisme et cherche à explorer des thèmes différents ou des graphismes novateurs. Elle s’adresse pour cela à de grands adolescents ou à de jeunes adultes.

Les Éditions Vaillant s’intéressèrent à leur tour à ce courant qui prenait de l’ampleur. Une équipe fut constituée autour de René Moreu pour concevoir une revue de nouvelle génération.

Un premier prototype intitulé Bazar magazine fut élaboré et permit de démarcher des annonceurs. Un second prototype publié en avril 1976 adopta le titre définitif de Scop magazine. Son éditorial établissait un portrait–robot du futur lecteur : « Nous savons qu’il a le goût et – surtout le furieux besoin – d’une lecture détente. À condition qu’elle ne soit pas simpliste. Il ne veut pas être un lecteur honteux. Nous savons encore qu’il est curieux de ce qui se passe dans le monde et, qu’en plus de ses lectures habituelles, il apprécie une certaine manière de voir la face cachée des choses et des événements. Enfin, notre lecteur a aujourd’hui classé la bande dessinée dans l’arsenal des grands moyens d’expression de notre époque, un art majeur pour majeurs ».

Le contenu est de qualité. Il fait appel à des plumes et à des dessinateurs confirmés ou en devenir. Luis Garcia Mozos, virtuose espagnol au style hyper-réaliste, sera le marqueur principal de la revue.

Une structure éditrice spécifique – Les Éditions de la Grille – est créée et installée 26 rue des Petits-Hôtels dans le Xe arrondissement de Paris. Elle est située à 200 mètres des Éditions Vaillant et attenante à la Régie publicitaire. La question de la publicité est centrale dans l’histoire de Scop magazine. Les numéros « zéro » et un en contiennent. Des annonces qui visent plutôt le jeune cadre dynamique. Ceci a pu surprendre étant donné l’ancrage social et populaire de la maison-mère. La publicité disparaît totalement des numéros suivants.

D’autres changements traduisent une certaine fébrilité autour du titre. Le numéro « zéro » est au format 22X 28 cm et comporte 92 pages. Le véritable numéro un qui sort six mois plus tard est radicalement différent dans la forme : 134 pages dans un format réduit à 17.2 X 21.5 cm. Ces deux numéros sont clinquants et résolument modernes pour l’époque.

Initialement mensuelle, la périodicité devient trimestrielle à partir du n°2. La maquette se stabilise alors au format 20,5 X 27 cm. La revue revient à une certaine forme de sobriété avec une réduction de la qualité du papier et de la place accordée à la partie rédactionnelle. Patrice de Gunzbourg sera remplacé à la tête de la publication par Hélène Brayé au n°4.

Le journal change d’imprimerie à 5 reprises. Problèmes de rentabilité ? Problèmes de positionnement ? Dissensions internes chez l’éditeur ? Scop magazine cesse de paraître après le numéro 5.

Le prix de vente est de 10FF pour le numéro 1. Il passe à 7 FF à partir du numéro 2.

Le numéro zéro et le numéro 1 paraissent dans l'année.