André Sinave et le rêve inaccompli :
La naissance des éditions du Lombard
par DannY De LaeT
André Sinave
André Sinave jeune marié et éditeur ambitieux
André Sinave jeune marié et éditeur ambitieux

Phase I - Prélude à l'après-midi d'un éditeur faunesque

En septembre 1944 la Belgique n'est encore que partiellement libérée ; une partie du territoire est encore occupée par les armées Allemandes et, en outre, dès le mois de novembre, Anvers et Liège subiront l'impitoyable bombardement des V1 et V2 avant que se déclenche l'offensive des Ardennes qui fera déferler une nouvelle vague de panique sur le pays.

C'est dans ce climat sinistre et incertain que le pays se relève en titubant et que beaucoup de Belges apprennent ou réapprennent à vivre dans une atmosphère de liberté, de sans-gêne, de désordre, de changement surtout. Tandis que certains règlent leurs premiers comptes, d'autres songent au renouvellement, car il faut tout réorganiser : le ravitaillement, la distribution, le cours du quotidien, y compris la presse, c.à.d. retrouver les journaux et les magazines d'avant l'occupation ou alors carrément faire feu de tout bois avec de nouvelles publications puisque - du moins pour un court laps de temps - maintenant et soudainement “tout est possible”, surtout dans l'édition !

Fossettes Fossettes
En septembre 1944 donc et plus précisément à partir du dimanche 24, on voit apparaître chez les marchands de journaux, dans les aubettes et les kiosques, FOSSETTES, le grand hebdomadaire illustré de la femme et de la famille, imprimé au format 21,5 sur 27 cm, sur vulgaire papier journal et au prix de 5 francs pour 16 pages.

L'imprimeur n'est autre que IMIFI (“Imprimerie Industrielle et Financière” e.a. imprimeur de l'Echo de la Bourse), qui, en ces temps de libération, avoue une fringale certaine pour toutes sortes de publications. Assez curieusement, Fossettes n'annonce aucun éditeur. Tout juste une adresse de rédaction: le fameux 47 rue du Houblon à Bruxelles - qui n'est autre que l'adresse de l'imprimeur - et qui deviendra un site légendaire. Et si, quand même, le nom d'un éditeur responsable: André Sinave.

Né à Ypres en 1921 et ayant fait ses études à Nivelles, André Sinave se sent peu attiré par l'enseignement auquel il est prédestiné. Du haut de ses 23 ans et la tête pleine d'idées, il se sent plutôt attiré par l'édition. Pour ce faire, il a attendu la libération, se contentant de prendre des contacts à gauche et à droite.

En septembre '44, c'est pourtant encore le chaos dans le monde de la presse : éditeurs, imprimeurs, hommes d'affaires, financiers, journalistes sont confrontés avec la répression. Des publications de tout genre changent de titre, changent de mains, renaissent et disparaissent, tout cela au profit de nouveaux titres et de nouvelles publications.

IMIFI bat le fer pendant qu'il est chaud. L'hebdomadaire Fossettes sera suivi, le 12 octobre, par LUTIN l'hebdomadaire des garçons et des petites filles, et intitulé Bieke dans sa version néérlandaise. L'un et l'autre seront un échec.

Malgré leur assez belle présentation, avec de nombreuses pages couleurs, ces deux publications sont-elles venues trop tôt ? Pour Lutin, il est certain que présentation et contenu sont trop sages et peu percutants. Disparu en 1945, Lutin sera suivi par d'autres tentatives dans le même secteur, car visiblement, IMIFI veut s'implanter sur un marché qui se développe très rapidement.

Le 15 juin '45, IMIFI lance d'abord STORY, le grand hebdomadaire d'aventures, bourré de BD Américaines, puis quelques semaines plus tard, ANNETTE, journal des grandes et des petites filles, tous deux paraissent sous le nom des Editions du Pont-Levis, avec bureau respectif au 47 rue du Houblon.

Ils subiront la concurrence sévère des autres illustrés hebdomadaires qui envahissent déjà le marché, dont Bimbo, Petits Belges, Wrill, Spirou et Bravo.

Story et Annette ne représentent qu'un succès relatif; Annette disparaît en 1948 et Story en 1951. Bien qu'il y eut dans ce dernier des BD et des feuilletons de qualité, ce sont souvent des reprises de Robinson, hebdomadaire Français d'avant-guerre.

Tenace dans ses ambitions Le Pont-Levis éditera encore cet autre illustré, L'EXPLORATEUR, mais qui disparaît après un peu plus d'un an d'existence (1949-50). Qu'à cela ne tienne, en 1950, l'inlassable éditeur et son imprimeur publient MICKEY MAGAZINE, dont le succès est immédiat et retentissant (Il atteindra un tirage de 110 000 exemplaires) et qui justifie le sabordage de l'encombrant mais peu rentable Story.

Mais qu'en est-il entretemps de Fossettes et de notre Sinave ? Hélas, tout comme pour Lutin, l'échec est retentissant. Certes, Sinave a eu le flair de vouloir s'adresser à un aussi large public que possible - le noyau familial - et à devancer pas mal de concurrents existants ou potentiels, mais le contenu est mièvre dans son classicisme: articles, textes littéraires, patrons, petits reportages, soins de beauté, conseils familiaux, illustrations, c'est dire que c'est bourré de bonnes intentions, mais hélas, cela manque de classe et de continuité.

Au n° 3 changement de format qui passe au 24/32 et au n° 5 changement d'imprimeur (!) - Imprimeries Max-Massart à Forest - bien que l'adresse rédactionnelle demeure au 47 rue du Houblon. Le dernier numéro “sérieux” est le 6, daté du 28 décembre 1944. En 1945 – indiquée deuxième année ! – paraissent encore 2 ou 3 numéros mais notre hebdo est devenu mensuel et il est tombé à 12 puis 6 pages! Exit Fossettes.

Est-ce l'échec de Lutin et - dans le cas de Sinave - la désagrégation de Fossettes qui incite IMIFI à plus de prudence et de savoir-faire? Toujours est-il que les ponts sont rompus.

COLLECTION COEUR

Il est certain que notre André Sinave a appris le métier sur le tas et l'échec de Fossettes - s'il démontre un manque de professionnalisme certain - ne le décourage pas pour autant. Si IMIFI (+ Le Pont-Levis) ne veut pas le suivre dans ses projets, il fera cavalier seul, ou plutôt, il cherchera des partenaires, qui, comme lui, sont assez fous pour croire qu'on peut honnêtement gagner sa vie en éditant des magazines et des fascicules.

Encore une fois, il jette son dévolu sur la presse d'obédience féminine. Il devient donc éditeur à part entière et il publiera des petits romans d'amour. Ce sera la COLLECTION COEUR Le roman d'amour du jeudi, fascicule de 16 pages, format 13/21, à 4 frs pièce.

Sinave en est l'éditeur responsable, qui de Baulers (du temps de Fossettes) a déménagé à la route du Lion à Braine-L'Alleud, tandis que la rédaction est située au 14, Boulevard du Midi à Bruxelles. Les fascicules sont imprimés par Havaux à Nivelles. Chaque fascicule contient un roman complet, plus une livraison d'un feuilleton interminable.

Le premier fascicule paraît vraisemblablement au mois de mars 1945 et mentionne encore le 47 rue du Houblon comme adresse de rédaction et l'adresse de Braine-L'Alleud comme celle de l'éditeur responsable, qui n'est autre que Sinave, bien entendu. Poliment prié par IMIFI d'aller installer ses pénates ailleurs, Sinave déménage alors la rédaction au Boulevard du Midi, tandis qu'il reste éditeur responsable, situé à Braine-L'Alleud.

En fait, pourquoi IMIFI n'a-t-il pas accordé plus de confiance à Sinave, quitte à lui laisser son nouveau jouet et marcher de concert avec lui ? Tout bonnement parce que IMIFI (et par extension Le Pont-Levis) s'était lui aussi lancé dans l'édition du fascicule populaire, plus spécifiquement le récit d'amour, en publiant la COLLECTION "NOS SECRETS", imprimé par IMIFI pour le compte de la SOCODEI (Société Continentale d'Edition et d'Imprimerie, rue Dansaert, puis rue du Houblon à Bruxelles) !

Les textes de cette série sont aussi mièvres et banals que toute autre collection de récits d'amour et d'illusion, mais les couvertures (d'un artiste inconnu, hélas) sont souvent superbes et contribuent nettement (surtout comparées avec la concurrence) au succès de « Nos Secrets ».

PARADIS DU POPULAIRE

IMIFI avait d'ailleurs déjà tâté du récit d'amour durant l'occupation en imprimant la mini-collection LIEFDE EN AVONTUUR, pour le compte d'EDITO, ce qui l'inspirera après-guerre de continuer dans cette voie. Outre la collection Nos Secrets IMIFI et SOCODEI éditeront encore la COLLECTION HEBDOMADAIRE, format plus petit (11/17), mais fascicules plus épais car comptant 64 pages, avec le même illustrateur et contenu axé sur le “polar”. Sinave et sa Collection Coeur devront non seulement tenir compte des publications d'IMIFI & SOCODEI, mais également d'autres séries telles que la Collection Tendresse (à Liège), Le Roman du Jour (impr. Beirnaerdt, éditeur- imprimeur du Jury de Steeman), la collection Le Muguet pour dames et jeunes filles, cette dernière éditée par La Librarie de Belgique, et ce n'est pas tout, il y en a encore d'autres dont je vous fait grâce.

Car dès la libération, la Belgique devient un paradis du populaire, avec d'innombrables petits fascicules - généralement format 13,5/17,5 - et ce dans tous les genres, aussi bien policier que western, récits de guerre et d'aventures, romans d'amour, en veux-tu en voilà !

Gustave Van Loo en sera le champion, qui ancien flic devenu sous le pseudo de Capitaine Ricardo un prolifique auteur populaire, d'abord pour Les Belles Aventures (c'est le Capitaine Domingo qui lui succède) finira par s'éditer lui même et connaître un succès foudroyant avec Victor Vincent d'abord, ensuite avec toutes sortes de récits, western, amour, aventures, etc.

Cette concurrence impitoyable ne décourage pas notre Sinave mais il est certain qu'il a dû se rendre compte des difficultés administratives que comporte toute tentative de commerce dans le monde de l'édition.

Sinave réalise également qu'il ne peut réussir tout seul et il cherche des appuis, des collaborateurs, des financiers, bref tout l'appareillage nécessaire à la gestion normale d'une maison d'édition, surtout que ce ne sont pas les idées qui lui manquent, c'est plutôt le nerf de la guerre, l'argent.

Et c'est ici qu'interviennent - nous sommes à la mi-'45 - Albert Debaty et Raymond Leblanc, qui vont joindre, soutenir et aider Sinave dans ces efforts éditoriaux.

EDITIONS YES ?

La Collection Coeur est malgré tout - compte tenu de la concurrence meurtrière – un succès relatif qui permet tout juste à l'éditeur de ne pas sombrer. Ce qui va inciter un homme aussi bouillonnant d'idées que notre Sinave à lancer d'autres publications. Il a vu ce que Le Pont-Levis/IMIFI ont réalisé avec des illustrés pour jeunes. C'est une idée qu'il ne perdra pas de vue, mais en attendant, il est un autre domaine qui le démange, c'est celui du cinéma et il songe donc à se lancer également dans ce secteur.

Fort de la présence de ses partenaires, Sinave va publier maintenant CINE-SELECTION, encore un hebdo avec des récits de films, édité par la maison d'édition, la maison ???. Au fait, comment s'appelle cette maison d'édition aussi modeste soit-elle ? Les Editions Yes ?

Hélas, NO!

Yes n'a jamais existé, du moins cette appellation ne couvre-t-elle pas légalement les agissements de Sinave et compagnie, car Yes n'a jamais été fondé, n'existe pas légalement, n'existe même pas du tout, sauf en tant qu'en- tête de papier à lettres. Nous y reviendrons.

Nombre de commentateurs et chroniqueurs se réfèrent souvent aux Editions Yes, précurseur des Editions du Lombard, dans l'élaboration du projet concernant l'illustré Tintin. Aux Editions Yes sont immuablement associés les noms de Raymond Leblanc, André Sinave et Albert Debaty. Ces mêmes commentateurs et chroniqueurs ne manquent point de citer les titres de Coeur et Ciné-Sélection comme étant des publications généralement considérées comme populaires et même qui se vendent assez bien. Mais ce sont là des contrevérités, dont l'ampleur s'est aggravée au fil du temps, par manque de références et surtout à défaut de vérification. Car une chose est certaine : les Editions Yes n'ont jamais existé, sauf dans l'esprit de son fondateur André Sinave.

Parti avec fougue et enthousiasme mais sans la moindre expérience dans le métier, Sinave s'est révélé être un amateur pur-sang, mais aussi un amateur persistant et débrouillard. Suffisamment débrouillard en tout cas pour trouver du papier, un (ou des) imprimeur(s) et probablement quelques relations qui l'aideront dans ses élucubrations éditoriales.

Car toute maison d'édition, aussi modeste soit-elle, nécessite une infrastructure et des collaborateurs. J'ai dit que Sinave apprenait sur le tas, il a compris depuis la chute de Fossettes que l'on ne publie pas un canard, aussi modeste soit-il, avec des bouts de ficelle. Les collaborateurs, les compagnons, qu'il engage ou qui le soutiennent, mettrons donc la main à la pâte, comme tout un chacun. Pour réussir il faut y aller, du premier au dernier.

DEBATY

Parmi ces compagnons de route, ses amis avec plus ou moins de moyens financiers et surtout peut être de ressources administratives et/ou rédactionnelles, il y a donc Albert Debaty, qui veut certes aider, même s'il n'est pas un foudre de guerre, et probablement avec en arrière-tête l'idée de se (re)faire un nom ou une réputation.

Albert Debaty La figure de Debaty est curieuse; on le prétend ancien résistant, mais durant l'occupation, ce licencié en sciences commerciales et consulaires, cherche visiblement à faire du journalisme et choisit de (ou est admis à) travailler pour Voilà (le remplaçant emboché du Pourquoi Pas ?), où il publie une chronique littéraire. En 1944 il réunira un nombre de ces textes pour en faire un recueil : Les Vendredis d'Agenor Tograff (Collection Voilà), sous-titré “Divertissements philologiques et littéraires” et préfacé par Abel Hermant, de l'Académie française. Le livre obtiendra, cette même année, le Prix Lange, d'un montant de 1000 FB.

Ce recueil de chroniques nous apprend surtout que Debaty est un homme cultivé, mais diantrement petit bourgeois, car il aime citer certes des auteurs belges, Steeman, Owen, Jean Ray, mais alors pour s'en prendre à eux du moment qu'il écrivent - fi donc! – des romans policiers, ainsi que s'en rendrons compte Thomas Owen et Steeman, que Debaty écorche avec délectation.

N'empêche qu'on peut s'imaginer que Debaty, bonne pâte, s'occupait peut être de la révision et la correction des textes.

La Collection Coeur tiendra la route tant bien que mal et son éditeur s'établit entretemps, mi-'45, au 55 rue du Lombard, adresse dégotée paraît–il par Debaty (un bon point quand même !), et qui figure en tant qu'adresse rédactionnelle, tandis que l'éditeur responsable, André Sinave, indique encore toujours l'adresse de Braine L'Alleud. Toujours pas question de “Yes” dans tout cela.

Raymond Leblanc Raymond Leblanc
Le troisième larron c'est Raymond Leblanc (1915-2008). En 1942, en plein été, il publie un curieux petit livre intitulé “Dés Pipés”, sous-titré “Journal d'un Chasseur Ardennais”, chez l'éditeur André Gilbert, 22 rue Limnander, à Anderlecht (Bruxelles). L'auteur raconte dans ce livre la campagne - “sa” campagne - des 18 jours, la brève période durant laquelle l'armée Belge tenta en mai '40, de résister à l'envahissante armée Allemande. C'est bien écrit, c'est un reportage vivant, mais c'est surtout un livre amer, écrit par un témoin désillusionné:

“Des gens nous acclament du seuil de leur porte avec de grands gestes amicaux et des congratulations frénétiques,

Pourquoi ces acclamations ?

Nous ne ramenons de là-bas que la Défaite. Nous n'avons pu faire davantage. Nos yeux s'embuent.

Qu'il devait être différent le retour de nos pères il y a vingt-cinq ans! Eux, du moins, rapportaient un trophée merveilleux… La Victoire…

Quant à nous, il ne nous reste que des larmes pour pleurer de rage et de désespoir. Avions-nous bien mérité cette avanie?” (p. 252)

Ainsi le fringant sous-lieutenant des Chasseurs Ardennais, qui clame son désespoir, son incompréhension devant un état des choses qu'il a vécu et surtout subi, prouve en même temps qu'il possède une assez jolie plume.

Difficile à l'heure actuelle de se rendre compte dans quelle mesure fut accueillie cette grinçante critique, aussi bien par l'occupant que par l'occupé, mais il est certain que l'ex-lieutenant de réserve, Raymond Leblanc, en avait gros sur le coeur d'avoir été partie et témoin de la courageuse mais vaine résistance de l'armée belge et que ce livre lui servit à exorciser les démons de l'amère expérience militaire.

Leblanc n'en resta pas là. Chez le même éditeur il publia cette fois un roman, “Sèves” (1944?). En fait c'est l'histoire romancée d'un jeune ardennais, Paul Fagneroy, dont Leblanc conte les déboires, les illusions, les amours, les passions. C'est un peu long, c'est un peu fade mais, encore une fois, c'est écrit d'une plume vivante et prometteuse. Mais pas plus que cela.

Leblanc ne publiera plus rien durant l'occupation. C'est dommage, à une époque où le roman populaire (policier, amour) est abondamment publié et lu. Il faut croire que Leblanc avait d'autres chats à fouetter, encore que cela ne veuille pas dire que l'écriture ne le séduit plus.

Est-ce par l'entremise de son éditeur qu'il reste en contact avec le monde de l'édition? Peut-être, mais c'est surtout à la libération que Leblanc, devenu fonctionnaire dans le service de la douane (où il est vérificateur), va bifurquer vers l'édition, sous l'impulsion d'André Sinave, qu'il rencontre par hasard et pour les besoins de son service et qui l'intéresse, en tant qu'éditeur.

Chez Sinave, il rencontre Albert Debaty.

N'empêche, Sinave dispose là de deux “vétérans” de l'écriture et en attendant de rameuter des auteurs, c'est à ces deux-là qu'incombe la tâche de remplir les fascicules avec des romans d'amour!

AVEUX

Ciné-Sélection Une fois embauché un nombre d'auteurs produisant régulièrement leur quota de manuscrits, Sinave ira même jusqu'à lancer dans ce domaine - vraisemblablement début '46 - un deuxième titre, Aveux, toujours dans le domaine du petit roman d'amour, mais qui - innovation et pas en avant - sera le premier titre avec une édition néerlandaise, Met hart en ziel. Hélas, “Aveux” est un échec cuisant, car cette collection s'arrête (dans les deux langues) au n° 7. Mais attention! L'échec n'est peut-être pas dû à de mauvaises ventes, mais probablement à l'imbroglio dans lequel Sinave s'est fourvoyé. Car il y a encore l'histoire de la revue cinématographique. Patience, nous y arrivons. En attendant, où en sommes-nous avec Leblanc ? Il n'est pas interdit de croire que Sinave avait accepté Leblanc dans son équipe - aussi modeste fut-elle - pour occuper le rôle de gestionnaire, laissant l'ancien douanier, surveiller d'un oeil les publications et leur achèvement et de l'autre les finances, bref de suivre le développement de cette firme “fantôme”, qui ne fut jamais déclarée, dont il n'existe pas de statuts, pas de raison sociale, pas de finalisation, rien qu'un titre en-tête du papier à lettres.

Non déclarée peut-être, mais active quand même, puisque fin '45, Sinave lance son magazine Ciné Sélection, qui au départ n'est qu'un fascicule comme la Collection Coeur, mais dont le contenu donne chaque numéro un film complet raconté. Ici encore la concurrence est mortelle, car dans ce domaine existent déjà Ciné-Roman, Jeudi Film, etc. Mais le rêve de Sinave, c'est de faire de Ciné-Sélection un véritable magazine de cinéma, qui sera un concurrent pour l'omnipotent et déjà ultra-populaire Ciné Revue, de Joe Van Cottom.

Ciné-Sélection avec article de Raymond Leblanc
Ciné-Sélection avec article de Raymond Leblanc

CONCOURS DE BEAUTE

Pour faire mousser l'affaire Sinave, s'acoquine avec le monde du cinéma belge et lance l'idée d'un concours de beauté (nihil nove sub sole, il n'est pas le seul à exploiter cette idée) pour futures vedettes de l'écran. Le concours servira bien entendu de tremplin au magazine et inversement le magazine servira de support à la publicité autour de l'évènement.
Annonce du concours

Persistant dans son idée, il essaiera encore de publier un équivalent de Ciné-Sélection en néerlandais, mais là l'échec est flagrant, car il ne paraîtra en tout et pour tout qu'un seul numéro du De Filmweek dans la langue de Vondel.

Mais - petite parenthèse – si on ne peut qu'admirer la persistance de Sinave à vouloir couvrir le marché belge dans les deux langues nationales, cela nécessite alors des traducteurs valables. Leblanc retiendra la leçon, lorsqu'il fera plus tard cavalier seul…

Sinave se laissa-t-il prendre à son propre jeu? En 1945 il n’a encore que 24 ans mais on ne peut s’empêcher de constater une montée de mégalomanie, un excès de confiance, une démesure dans les projets qui s’enchaînent. Excès d’enthousiame et manque de rigueur sont à la base de l’échec de Ciné-Sélection, qui change constamment de format, de présentation, et de contenu (Leblanc livre quelques articles), ce qui rend cette publication particulièrement irritante pour le lecteur et acheteur potentiel…

UGEUX

Décidemment l'année 1945 est fertile en rebondissements. La Collection Coeur et Ciné-Sélection en sont encore à leurs balbutiements quand Sinave lance l'idée d'un hebdomadaire pour la jeunesse. Il va plus loin encore: un hebdomadaire avec les personnages de Hergé. Car au hasard d'une rencontre avec Pierre Ugeux, fils d'un des rédacteurs en chef du quotidien ultra- catholique, Le XXème Siècle, disparu dans la tourmente en 1940, qu'il lui confie l'idée d'un illustré autour de Tintin.

Ugeux écrit donc une lettre, datée du 10 septembre 1945, à Hergé, interdit de presse depuis la libération pour sa collaboration au journal Le Soir volé, et qui voit d'un bon oeil la reprise de son personnage dans un illustré, bâti sur le moule du Petit Vingtième, le supplément hebdomadaire du XXème Siècle, où sévissait son héros, Tintin, depuis 1929.

Il parait que Ugeux et Sinave ne furent pas les premiers à proposer la chose à Hergé car Charles Gordinne, éditeur à Liège, connu pour ses images genre d'Epinal et plus tard éditeur des hebdomadaires Wrill et Sabord et outre cela, financier d'un studio de dessin animé, dirigé par Albert Fromanteau, lui a proposé la chose, que Hergé refusa, semble-t-il.

Bien avant cela et durant l'occupation, Pierre Ugeux (1911-2009), avait déjà tenté d'éditer un nouvel illustré, basé sur le modèle du Petit Vingtième, projet que la Propaganda Abteilung avait sanctionné d'un retentissant NEIN!

Seul Bravo , édité par J. Meuwissen , trouvait grâce chez l'occupant, pour des raisons de collaboration économique; les autres illustrés pour la jeunesse disparurent l'un après l'autre, ainsi Aventures Illustrées de Guy Depière, Petits Belges de l'abbaye d'Averbode, Spirou de la famille Dupuis et du côté flamand, Ons Rakkersblad, qui sera repris par Edito et remplacé par De Rakker (mais là, c'est savoureux et nous y reviendrons). Il est d'ailleurs possible que l'avis négatif de la PA fut insufflée par le même Meuwissen, qui voyait d'un mauvais oeil la concurrence d'un nouvel illustré, centré sur un personnage déjà populaire et toujours présent sur le marché dans des quotidiens (Le Soir, Het Algemeen Nieuws) et des albums chez Casterman.

Difficile à l'heure actuelle de faire la part des choses; le projet d'un illustré pour la jeunesse avec le (ou les) personnage(s) d'Hergé vint-elle de Ugeux ou de Sinave ?

Est-ce Ugeux qui à la libération ressuscita son projet et le proposa à Sinave en premier lieu ? Ce dernier était d'autant plus intéressé que c'était un créneau qui manquait à la diversité de ses publications. En outre, prétend- on, il aurait même publié avant-guerre dans Le Petit Vingtième, d'où raison de plus de faire l'idée sienne.

Selon d'autres sources c'est Sinave lui même qui, toujours à l'affut de nouvelles publications, aurait demandé à Ugeux si Hergé pouvait être séduit par l'idée d'un nouvel illustré avec Tintin.

Bref, si l'idée paraissait séduisante, sinon commercialement intéressante, il convenait tout de même d'entendre Hergé en personne et d'obtenir son accord.

Ici encore les avis différent. Lors de la première rencontre avec Hergé, Ugeux et Sinave furent ils seuls ou bien accompagnés de Leblanc (et Debaty ) ?

Sans être cornélienne, la question se pose de savoir si Leblanc et Hergé se sont alors correctement jugés l'un l'autre. (En fait Raymond Leblanc - l'a-t-il assez souvent répété - est charmé par Hergé qu’il s’imaginait vieux et barbon, alors qu’il rencontre un homme jeune encore (il a sept ans de plus que Leblanc) dont le travail respire le professionnalisme et le talent. Hergé de même voit dans Leblanc un homme rigoureux et méthodique, visiblement bien plus capable que le fantasque Sinave et le gentil Debaty).

Elle est importante en ce sens que Leblanc sera celui des trois qui finalisera le projet, sans l'aide des deux autres intervenants.

Il est certain que Leblanc était un homme plus logique, plus rationnel et meilleur organisateur, sinon gestionnaire, que le bouillant et dynamique mais désordonné Sinave, et largement plus ambitieux que le plus littéraire Debaty.

Cela dit, deux obstacles majeurs se présentent derechef devant les géniteurs de ce projet ambitieux. D'abord Hergé, ensuite la concurrence !

La difficulté première résidait dans le fait qu'Hergé, alias Georges Remi, devait obtenir un certificat de civisme, afin de pouvoir se remettre au travail, étant à ce moment là toujours suspecté de collaboration avec l'ennemi. Il dut pour cela paraître devant le sévère mais juste auditeur, Ganshof Van der Meersch.

CERTIFICAT DE CIVISME

Il est possible que William Ugeux (1909-1997 et le frère de Pierre) intervint alors en faveur d'Hergé, lorsque, rentré de Londres, il avait été nommé fin '44, censeur de la presse (il publiera en 1947 à New York “The press in Belgium under occupation”).

Bref, Hergé obtint donc son certificat de civisme et un non-lieu concernant d'éventuelles poursuites en décembre 1945, ce qui enleva une sérieuse épine du pied aussi bien d'Hergé que de Casterman et des trois “Yes-men”.

En fin de compte, il importe vraiment peu de savoir si Leblanc était présent lors de la première entrevue d'Hergé avec Ugeux et Sinave . Toutefois, lorsqu'il rencontre enfin Hergé, et contrairement à ce que l'on prétend trop souvent, Leblanc est un peu affolé devant ce nouveau défi de Sinave. En bon gestionnaire il se pose à juste raison la question de savoir comment tout cela devra, sera ou pourra être financé ! ? !

Les négociations entamées révèlent les difficultés qu'il faudra surmonter : qui dirigera l'illustré ? Pierre Ugeux fut-il préconisé pour être le rédacteur en chef ? Quel sera le rôle d'Hergé et qui sera le directeur artistique? Qu'en est-il de Casterman, éditeur des albums de Tintin ?

Il semble maintenant que – début 1946 – Leblanc se taille la part du lion durant ses discussions et négociations, tandis que Sinave - que tout cela ennuie profondément - se lance à tête baissée dans son grand projet de Miss Vedette et d'où sortira – espère-t-il – un hebdomadaire du cinéma unique. En attendant, Ciné Sélection est un canard boiteux dont les changements de format et de présentation sont irritants au possible!

Leblanc, lui, concentre tous ses efforts sur le projet de l'illustré futur, qui, dans son esprit, se matérialise peu à peu. Grâce à Hergé et son équipe, ce sera un travail soigné, ce qui le change des improvisations à la Sinave. Satisfaction aussi du côté de Casterman qui continuera à éditer l'oeuvre d'Hergé en albums. De plus, le nouvel illustré sera édité dans les deux langues, version française et version néerlandaise, ce qui permettra à Casterman de publier des albums dans les deux langues.

CONCURRENCE

On peut se demander à ce stade-ci - nous sommes déjà en 1946 - s'il est opportun d'éditer un nouvel illustré, dans un pays déjà inondé de publications similaires ?

En octobre 1944 Spirou (Dupuis) a revu le jour, idem pour Petits Belges (Bonne Presse), idem pour Bimbo (ex-Aventures Illustres/ Guy Depière) et même Bravo, interrompu à la libération et placé sous séquestre, se redresse en 1945, année qui voit la naissance de Wrill (Gordinne), les déjà nommés Annette et Story, tandis qu'en 1946 Tintin verra le jour le 26 septembre, suivi en décembre par Grand Coeur (Liège).

Tintin No 1

Cette débauche éditorialiste sera suivie d'une hécatombe aussi spectaculaire : Grand Coeur disparait déjà en 1947, Annette en 1948, Wrill (et son petit frère Sabord) en 1949, Bimbo (plus Jeep et Blondine) en 1950, Bravo et Story en 1951. Cela laisse la place libre aux grands que sont Tintin, Spirou et Petits Belges (devenu Tremplin par la suite), encore qu'il faille mentionner Mickey Magazine, remplaçant de Story et qui vivra de 1950 à 1959, et - soyons complets - L'éphémère L'Explorateur qui vivra de 1949 à 1950, ainsi que les Héroïc Albums de Fernand Cheneval (1945-56).

Dans le marché flamand survivront les trois grands : Robbedoes (= Spirou), Kuifje (= Tintin), Zonneland (= Petits Belges), tandis que les seuls vrais illustrés flamands disparaissent (Kleine Zondagsvriend devient supplément de la Gazet van Antwerpen en 1956), Wonderland est trop éphémère, ‘t Kapoentje devient supplément du journal Het Volk, Pum Pum idem chez Het Laatste Nieuws. Il n'y en aura plus que pour cette formule d'ailleurs, avec encore Pats dans De Standaard et Sneppeke dans Het Belang van Limburg. Seul rescapé dans cet océan de naufrages Ons Volkske, qui renaît en 1949! (voir à ce chapitre).

C'est dire qu'en 1946 le nouvel illustré devra jouer des coudes pour s'imposer parmi les 7 à 8 illustrés qui couvrent le marché belge, sans parler des illustrés français, qui ne demandent pas mieux que de picorer une petite graine chez nous, je songe plus particulièrement (surtout dans les années '50) à L'Intrépide et Hurrah (Editions Mondiales). Vaillant et le Journal de Mickey par contre ne parviendront pas à s'implanter sur le marché belge, du moins pour Mickey avant la disparition du Mickey magazine belge.

Miss Vedette

Tout en laissant le champ libre à Hergé, son équipe et ses collaborateurs quant à la conception du nouvel illustré, Leblanc prépare lentement mais sûrement le projet d'une nouvelle maison d'édition, car il n'est en aucune façon question d'éditer l'illustré qui portera le nom “TINTIN” chez Yes.

Et pourtant c'est dans “Aveux” aussi bien que dans “Ciné Sélection” que l'on voit surgir des placards publicitaires qui annoncent pour bientôt la parution de “Tintin”!

Sinave a-t-il donné carte blanche à Leblanc pour s'occuper du nouveau projet qui, pas à pas, se concrétise ou bien Leblanc, excédé par l'amateurisme et la nonchalance de ses associés, a-t-il déjà décidé de jouer cavalier seul ?

Tandis qu'il tourne et retourne dans sa tête le problème du financement du projet, Sinave et Debaty s'en donnent à coeur joie avec leur concours pour l'élection de Miss Vedette 1946.

Patronné (subventionné ?) par l'apéritif Campari, le concours de beauté prend des allures Hollywoodiennes. Sinave a composé un jury qui réunit le gratin du cinéma belge de l'époque. En font partie : les réalisateurs Emile G. De Meyst (qui, en mai '46, démarre le tournage du “Cocu Magnifique”), Jacques Kupissonoff, Gaston Schoukens et André Cauvin, le producteur Marcel Groulus, les acteurs Marcel Josz et Robert Lussac , le critique de cinéma Marc Turfkruyer, le tout entouré de sculpteurs, peintres, écrivains de tout acabit. La liste est impressionnante, qui sera couronnée par la présence de Netta Duchâteau, ex- Miss Univers !

Pendant ce temps-là, Leblanc fait la connaissance des collaborateurs d'Hergé, Edgar P. Jacobs (qui introduit Jacques Laudy, comme lui un ancien de Bravo), Marcel Dehaye, Evany, le tout jeune Pierre Cuvelier (et plus tard Jacques Van Melkebeke).

Il ne peut que constater le sérieux avec lequel Hergé prépare les maquettes du futur illustré.

GEORGES LALLEMAND

C'est encore toujours le financement de l'entreprise qui tourmente Leblanc, car il a bien retenu la leçon et compris que les modalités d'une maison d'édition nécessitent non seulement des capitaux, mais encore une base légale et juridique, une raison sociale et, bien entendu, un entourage professionnel : des cadres, des collaborateurs divers (secrétaires, dactylos, traducteurs, rédacteurs, comptables, imprimeurs, livreurs, vendeurs…) et que ces gens doivent être salariés. C'est l'absence de professionnalisme et le manque de sérieux de ses acolytes qui feront que Leblanc, en 1946, soit à peine deux ans après les débuts de la soi-disante maison d'édition Yes, décide de se séparer de ses deux associés et de fonder avec son ami Georges Lallemand une structure éditorialiste solide, avec un aéropage costaud et professionnel. Pour lancer cet illustré, qui aura nécessité beaucoup d'efforts et de bonne volonté, il va fonder une maison d'édition, où lui, Leblanc, sera seul maître à bord, dont il sera le capitaine dirigeant le navire et intitulée "Editions du Lombard" et dont l'hebdomadaire Tintin sera la première émanation ! Rideau! !

Et contrairement à ce que l'on aime indiquer à la Fondation Leblanc, ce n'est pas Raymond Leblanc qui a fondé les éditions Yes en 1944 : il n'est intervenu qu'en 1945 et, pire encore, les éditions Yes n'ont jamais été (légalement) fondées ! C'était l'écran de fumée d'André Sinave, qui voyait grand mais resta petit…

Yes “n'existe” donc - si l'on veut - que de septembre 1944 à (environ) août 1946, au moment de la naissance des Editions du Lombard, au 55 rue du Lombard à Bruxelles.

Le temps aidant, beaucoup de vérités se sont estompées, ce qui fait que l'on cite les Editions Yes à tort et à travers.

Ainsi dans Hergé. Lignes de Vie (Moulinsart, 2007) l'auteur Philipe Goddin cite souvent les Editions Yes qui n'existent que sur le papier à lettres ; il précise d'ailleurs qu'en octobre '45 il est question de la constitution des Editions Yes en société anonyme, ce qui ne se fera pas. Par ailleurs Goddin nous apprend que, suite à la réorganisation des Editions Yes, “Pierre Ugeux à quitté, l'organigramme de la maison d'édition : le rédacteur en chef du journal Tintin sera, de fait, Jacques Van Melkebeke”.

SUCCES ??

Attiré par Sinave, avec l'idée de devenir le rédacteur en chef de ce projet, Pierre Ugeux s'est peut être affolé en constatant la situation peu légale et administrative des soi-disantes éditions Yes. Raison pour laquelle il insistera auprès de Sinave pour régulariser cette situation en constituant une S.A. (et non pas une S.P.R.L. pour laquelle Sinave n'avait pas les moyens financiers). Est-ce à la suite d'un refus de Sinave ou de la découverte des moyens financiers insuffisants de son ami Sinave que Ugeux à pris la poudre d'escampette ?

Bon, Pierre Ugeux disparaît du radar, sans que l'on en sache vraiment la raison. Mais surtout on constate encore une fois que subsiste malgré tout l'idée d'une maison d'édition à succès, selon Goddin : “L'ami de Pierre Ugeux s'appelle André Sinave. Il vient de lancer avec succès en Belgique le magazine de cinéma Ciné-Sélection et la collection de romans populaires Coeur.” (c'est moi qui souligne).

Grâce au bouquin de Goddin et travail néanmoins exemplaire, j'ai appris que dès juillet '46 Leblanc discutait conditions financières et contrats avec ses futurs collaborateurs. C'est que le temps commence à presser et bientôt Leblanc va frapper son grand coup !

Moins pertinente et plus simpliste sera la déclaration de Leblanc dans le livre Le duel Tintin-Spirou (Pire, 1997), où Hugues Dayez insiste pertinemment sur le fait qu'on a rarement souligné le courage et l'audace de Raymond Leblanc, affirmation que Leblanc bat lui-même en brèche en racontant: “A ce moment-là nous étions trois associés qui avions obtenu l'autorisation de paraître juste après la Libération parce que nous émanions de la Résistance. Nous avions déjà édité une publication sur le cinéma, une collection de romans d'amour et nous nous sommes ensuite demandé : ”Pourquoi pas un journal de jeunes ? Et évidement le seul auteur auquel nous avons pensé c'était Hergé avec “Tintin”...

Se demander en 1945 pourquoi ne pas éditer un journal de jeunes, c'est friser l'inconscience et bien mal connaître le marché de l'édition ! C'est peut être après tout cette inconscience qui est à la base de tout, mais si on l'admet chez Sinave on a du mal à la percevoir chez le très rationnel Leblanc…

Personne visiblement ne s'étant mis en tête de rechercher ce qu'étaient vraiment les éditions Yes. Enfin, n'en restons pas là car le 8 août 1946 Raymond Leblanc franchit son Rubicon et en compagnie de son ami Lallemand il se présente devant le notaire Wetter, à Ixelles, pour la constitution de la “Société de Personnes à Responsabilités Limitées “, Les Editions du Lombard, 55 rue du Lombard, Bruxelles.

Les statuts paraissent dans le Moniteur Belge du 23 août 1946.

Et qui est Georges Lallemand ? Un ancien résistant, ingénieur civil et travaillant pour une compagnie de cinéma américaine, la Société de production de films. En 1947 Lallemand deviendra directeur de la compagnie, maintenant entre des mains belges, sous la dénomination Société d'exploitation de films des 5 Continents, qui s'occupe principalement de la distribution de films, sise au 280 de la rue Royale, jadis la Mecque des distributeurs de films à Bruxelles. La 5 Continents ne distribue pas énormément de films, elle ne compte qu'une vingtaine de titres à son catalogue, ce qui est peu comparée à la Columbia, à MGM, Ciné-Vog, Universal-International et d'autres géants d'Hollywood, mais cette modeste maison de distribution connaît des succès considérables e.a. avec des films de Walt Disney, dont “20.000 lieues sous les mers” par exemple.

SOULAGEMENT

A ce sujet on peut se demander si Lallemand n'a pas joué un rôle décisif dans la décision de Leblanc de fonder plus tard le studio de dessin animé, Belvision ? Ou encore, si ce n'est pas par l'entremise de Ciné-Selection et du fameux concours de Miss Vedette que Lallemand et Leblanc se seraient rencontrés ? Toujours est-il que les deux hommes se sont trouvés et qu'ils s'accordent suffisamment pour s'associer dans la grande aventure financière qui les attend.

Lallemand et Leblanc, qui se nomment les gérants de la société, disposent d'un capital de 400 000 francs belges représentés en 400 parts sociales, 195 pour Lallemand et 205 pour Leblanc.

Au moment de la signature, et encore plus au moment de la parution dans le Moniteur, Leblanc à (de nouveau) dû pousser un gros soupir de soulagement. Leblanc était en règle avec la loi, ses arrières étaient assurés et il comptait sur le professionnalisme de Hergé et son équipe. Si l'imprimeur tenait lui aussi ses engagements, l'illustré Tintin pouvait démarrer en septembre! Ouf !

Il est certain que Leblanc a voulu repartir de zéro et qu'il lui a fallu pour cela se séparer de ses associés.

La trahison de César

Pour Yes c’est la débâcle. Le concours Miss Vedette tourne en scandale, Ciné Selection est un four et ni la Collection Coeur ni Aveux ne sont en mesure d’assurer la longévité de “Yes”. Faute de capitaine et de charbon le navire sombre peu à peu.

Leblanc, probre et honnête, choisit de faire voler le triumvir en éclats? Voilà pourquoi César trahit Pompée et Crassus, pourquoi Leblanc prend les choses en mains et décide de fonder une nouvelle maison d’édition, qui n’aura plus rien à voir avec l’amateurisme des soit disantes Editions Yes!

Avec un Lallemand qui reste discrètement à distance, Leblanc est seul maître à bord qui, maintenant qu'il dispose d'une maison d'édition, avec raison sociale et base légitime, doit mettre sur pied une structure qui englobe toute la paperasserie! Mais cela lui convient, car il est méthodique et autoritaire s'il le faut.

Collection Coeur Collection Coeur

Sinave et Debaty décident donc tant bien que mal de repartir de zéro, en contemplant les débris de leurs efforts. Plus question d’éditer Ciné-Sélection ni surtout d’organiser d’autres concours de beauté. Reste la Collection Coeur qui marchait cahin caha, mais qui offre malgré tout certaines perspectives.

Fort de l’humiliante leçon donnée par Leblanc, le deux comparses décident eux aussi de franchir le pas et de ne plus éditer que sous une forme professionnelle et surtout légale.

Sinave et Debaty décident eux aussi de repartir de zéro, de franchir le pas et de ne plus éditer que sous une forme professionnelle et surtout légale.

LE NERVIEN

Pour se faire ils vont donc saborder la “Collection Coeur” (129 n° parus), quitte à la reprendre après, dès qu'ils auront fondé leur propre maison d'édition, c.à.d. dès qu'ils en auront les moyens financiers.

Leblanc les autorise à rester au 55 rue du Lombard. Pourquoi pas ? Pourvu que cela reste dans les limites de la légalité, toute publication différente ou annexe peut être de bonne augure. En plus c'est un simple geste d'amitié. Mais encore un geste d'autorité: si vous restez au 55 rue du Lombard il faudra éditer dorénavant selon les règles du jeu, selon une maison d'édition lé-ga-li-sée ! Il faudra quand même plus d'un an à Sinave et Debaty pour réunir suffisament de fonds et concrétiser le nouveau projet.

Le 13 décembre 1947 nos deux compères comparaissent devant le notaire René Dewever à Bruxelles, pour la constitution de la S.P.R.L. Les Editions du Nervien, même adresse que Les Editions du Lombard.

En fait Le Nervien se limitera à peu de choses et restera axé sur le “populaire”

Voilà l'histoire du Nervien.

Sinave avait des idées mais il n'avait pas les finances pour les concrétiser. L'article 3 de l'acte de constitution est “savoureux” qui reprend les mêmes termes que dans l'acte du Lombard: “La société à pour objet les éditions en tous genres, de journaux, de périodiques, de livres et de quotidiens, illustrés ou non, ainsi que toutes affaires quelconques de publicité.”

En fait Le Nervien se limitera à peu de choses et restera axé sur le “populaire”.. Le curieux de l'affaire c'est que probablement André Sinave n'était pas présent chez le notaire ! S'y présentent en tout cas, un certain Paul Herman, licencié en sciences chimiques et habitant Jemappes, ainsi que Mme Andrée Depaifve, sans profession et qui n'est autre que l'épouse d'Albert Debaty !

Le capital étant fixé à 200.000 francs, Mme Depaifve-Debaty pose sur la table 142.000 f. et Paul Herman pour sa part 58.000 f. Madame Depaifve-Debaty accepte, bien entendu, le poste de gérant. Voilà l'histoire du Nervien.

Pourquoi Mme Debaty et non pas Monsieur Debaty ? Leblanc employait-il déjà Debaty et ne voulait-il pas d'un gérant d'une firme concurrentielle (si peu!) parmi son personnel ? Ou alors - plus plausible peut être – faut-il croire que Debaty était lui aussi déclaré incivique suite à sa collaboration à Voilà pendant l'occupation et donc mis dans l'incapacité de gérer une firme sous son nom (ce qui expliquerait encore pourquoi Leblanc n'en voulait pas en tant qu'actionnaire du Lombard) ? Que tout cela est compliqué, mes enfants !

Toujours est-il qu'ici c'est Debaty qui, par l'entremise de sa femme, règne et gouverne (soyons cyniques; Debaty a-t-il emprunté du fric à Leblanc ? Hé hé). Sinave lui est à la traine. J'ai longtemps cru que Sinave avait été évincé de nouveau, mais en fait Paul Herman est probablement, soit le frère, soit le cousin, soit sous une autre forme encore, un parent de Marcelle Herman qui est l'épouse de Sinave, et qui lui servira de paravent…

Encore une fois cela souligne le fait que du côté de Sinave le manque de moyens financiers et de fonds lui jouent un mauvais tour. Evincé du Lombard, il devient par personne interposée minoritaire chez Le Nervien, qui est en fait l'héritage de sa maison illusoire, les éditions Yes. Pauvre Sinave !

Sinave avait des idées mais il n'avait pas le fric pour les concrétiser et par deux fois il va mordre la poussière et devra se contenter des restes.

BAROUD D'HONNEUR

En fait Les Editions du Nervien ne représentent pas grand'chose; ils (Debaty et Sinave) décident de redémarrer la Collection Coeur, quasi même présentation, même contenu (petit roman d'amour, feuilleton), auquel on donne des allures de “Magazine”, grâce au courrier des lecteurs, l'horoscope et le concours. Pourtant la Collection Coeur a dû connaître un certain succès (une fois n'est pas coutume!), puisqu'elle compte dans les 400 numéros hebdomadaires, pour s'arrêter en 1956.

Mais à ce moment-là Les Editions du Nervien n'existent déjà plus! En 1954 Sinave en a assez de la Belgique. Est-il ulcéré, aigri, vindicatif, en colère ? D'après Debaty Sinave était “ l'homme des idées de génie, mais il n'était pas très fort pour les appliquer au jour le jour.”

Baroud d'honneur ? Il va lancer Jeudi-Soir à Mons, une feuille publicitaire, un toutes-boîtes quoi, et avec le “fidèle” Debaty comme collaborateur (Jeudi-Soir fusionnera plus tard avec le Vlan de Bruxelles). Cela a dû se situer début des années '50. Sinave, lassé par le train-train de la Collection Coeur part pour le Congo Belge où il va enseigner, lui qui avait fui l'enseignement après ses études.

La Collection Coeur est alors revendue à l'imprimeur et subsistera jusqu'en 1956, mais à ce moment-là Les Editions du Nervien n'existent plus, elles se sont arrêtées en 1954.

DUPUIS

Le Maître Sinave revient en Belgique en 1960 et assez curieusement se remet à l'écriture pour publier un roman pour la jeunesse, Le Maître.

Il parait, non pas au Lombard, mais chez… Dupuis, dans la collection “Spirou Sélection” (dont ce sera un des derniers titres, je crois). Il s'occupe encore un peu de traduction, mais en 1968 Sinave quitte définitivement la Belgique et le Congo, pour émigrer au Canada, toujours en sa qualité d'enseignant, tandis que son fils Christian devient médecin.

André Sinave, l'homme aux idées étincelantes, l'homme à qui nous devons l'idée du journal de Tintin, est décédé au Québec en 1992.

Quand à Debaty il s'est adressé à Leblanc qui a bien voulu l'accueillir dans son giron; mais uniquement en tant que vendeur. Dans une interview on précise qu'il s'occupait durant 35 ans des ventes de Tintin, parcourant tout la Belgique à l'écoute des libraires.

Debaty ne jouera aucun rôle prépondérant dans la gestion et expansion des Editions du Lombard , mais il est significatif de voir que cet homme “cultivé” s'occupe du côté de Liège et de Mons de nombreuses activités culturelles, tout en se vantant de son amitié avec Hergé. Il est décédé en 2003.

La suite au prochain numéro ...

Leblanc s'efforce entretemps de structurer sa maison d'édition. Il ressent très vite le besoin d'un rédacteur en chef flamand pour l'édition néerlandaise de “Tintin”, qui parait sous le titre de “Kuifje” et qu'il veut doter d'une rédaction propre et non pas d'une traduction littérale.

Selon certaines informations ce serait sa secrétaire Hilde Liesse qui s'occupa de la traduction néerlandaise. Mais Hilde ne peut pas tout faire. Un des rédacteurs ou traducteurs lui suggère le nom d'un jeune homme, un certain Karel Van Milleghem . Ah, nous y voilà !

Les deux hommes se rencontrent et visiblement sympathisent ; Van Milleghem est embauché et en profitera pour développer le Lombard à sa guise, au grand étonnement de Leblanc.

ANNEXE : LES PUBLICATIONS DE SINAVE, soi-disant EDITIONS YES

FOSSETTES, LE GRAND HEBDOMADAIRE ILLUSTRE DE LA FEMME ET DE LA FAMILLE (1944-45)

Editeur responsable: André Sinave, Baulers
Rédaction: 47 rue du Houblon, Bruxelles
Périodicité. Hebdo pour 1944, mensuel en ‘45
Format 21/27 pour les n° 1 et 2, 24/31 ensuite
Prix: démarre à 7,50 fr pour le premier numéro, ensuite 5 fr et termine à 6 fr
16 pages en '44; 6 pages pour le dernier numéro
Illustrateurs: parmi les dessinateurs figure un certain Roleo qui travailla également pour Lutin et deviendra auteur de BD dans La Libre Belgique (e.a.série MacNib détective) En tout et pour tout: 6 numéros pour la première année ('44-'45), 2 numéros pour la deuxième année, 1945.
Fossettes Fossettes Fossettes

COLLECTION COEUR, le roman d'amour du jeudi (1945-46)

Périodicité: hebdomadaire
Format: 8°
Prix: 4 fr
16 pages (les premiers numéros sont encore à 3 frs)
Rédaction: Rue du Lombard 55 Bruxelles
Editeur resp A. Sinave, Braine-L'Alleud

Démarre en 1945 en tant que COLLECTION COEUR, éditeur responsable A. Sinave, rue du Houblon 47 à Bruxelles, mais l'adresse changera au n° 7 en Boul. du Midi 14 à Bruxelles, puis au n° 10 Sinave indique comme adresse: Route du Lion 80b à Braine L'Alleud.

A partir du numéro 12 (toujours en '45) l'éditeur est au 55 rue du Lombard.

Les couvertures sont dessinées assez joliment d'ailleurs par G. Drapp ou D. Gill.

A part le récit complet il y a bien entendu, page 2 et page 16, le feuilleton dont le premier sera “Pierre et Camille” par Alfred de Musset (dans le domaine public, donc pas de droits d'auteur à payer).

S'il faut en croire Albert Debaty le triumvir fournit lui-même les textes : “Au départ nous écrivions nous-même les histoires! André Sinave en a écrit, Raymond Leblanc aussi et j'ai mis la main à la pâte. Ensuite nous avons trouvé des auteurs.” (Vlan, 06/11/1996).

Effectivement, on trouve quelquefois le nom de Leblanc ou ses initiales au bas de quelques articles dans “Ciné Sélection” et lui aussi aurait mis "la main à la pâte" pour quelques récits de “Coeur”.

Au fil du temps on voit quand même surgir des noms d'auteurs tels que Magali, Yves Dermèze, Max-André Dazergues ou encore Paul Darlix, qui ne sont pas des inconnus pour les amateurs de lecture populaire (et dans divers domaines d'ailleurs)

Collection Coeur” sera suivi en 1946 par “Aveux”, basé sur un modèle similaire mais également édité en langue néerlandaise et là c'est un échec, car les deux séries s'arrêtent simultanément au n° 7.

Collection Coeur” continue son petit chemin jusqu'en 1947 et s'arrête vraisemblablement au n° 129.

Je donne ici quelques titres du début pour que le lecteur se fasse une idée de la “chose”.
01 TOMMY CHERI - Grand roman d'amour (Dolly Jane ) (1945)
02 PULLMAN D'AMOUR, roman inédit (Christian de Lescaille)
03 SON BEL AMOUR (Josette Gaëli)
04 LENA SI DOUCE (Roger Colman)
05 JUANNA LA FIDELE (André d'Arnaud)
06 UN COEUR SERVAIT DEUX MAITRES, roman sentimental inédit (Leo Berthuin)
07 AMOUR DE PARACHUTISTES (Guy de Tournelles)
10 LE COEUR DE CENDRILLON (Dolly Jane)
11 BOY D'AMOUR (Guy de Tournelles/ Raymond Daulnois à l'intérieur)
12 UN DE LA RAF, roman sentimental inédit (Roger Colman)
13 COEUR DE FEMME, roman d'amour (Claude Veuillot)
14 LA ROMANCE DES FAUBOURGS, grand roman d'amour (André d'Arnaud)
15 SA DERNIERE CHANCE (Josette Gaëli)
Etc

Collection Coeur

CINE-SELECTION (1946)

N° 1- 8 ° - 20 pages - 6 frs
Parait le 1er et le 3ième vendredi du mois, chaque numéro contient un film raconté complet.

En couverture couleurs figure bien entendu le portrait d'une vedette de cinéma.

Editeur responsable: André Sinave, 80b route du Lion, Braine L'Alleud. CCP 718517.

Le n° 1 arbore Deanna Durbin en couverture et raconte le film “EVE A COMMENCE”.

A partir du n° 9 Ciné-Sélection paraît tous les vendredis et au numéro suivant Ciné Sélection arbore un grand format journal, mais cela change déjà au 11 qui est de nouveau réduit au petit format! Les numéros suivants varient en nombre de pages – de 8 à 16 ou plus - et de format.

Bourré d'informations et de photos Ciné-Sélection évolue petit à petit vers le vrai magazine avec en point de mire Ciné Revue, bien entendu, mais ne parvient pas à imposer une présentation uniforme et valable.

Au dos du n° 23 figure une pub pleine page pour la “Collection Coeur, le roman d'amour du jeudi” avec mention des Editions Yes.

Le n° 26 est un “Spécial grand format” de 28 pages mais le 27 de nouveau un petit format. Les numéros 28 à 31 paraissent sur grand format, le 32 réduit de nouveau le format. Le 33 (grand format) mentionne au dos une annonce pour la parution de Tintin. Le 34 est probablement le tout dernier numéro paru.

DE FILMWEEK, Week lad voor filmliefhebbers (maart 1946)

L'édition en langue néerlandaise est probablement restée en travers de la gorge de Sinave. Y eut-il plus d'un numéro ?

Toujours est-il que ce petit format de 8 pages seulement indique comme imprimeur Typographie Belge, Faesstraat, Jette

Et au dos De Filmweek, redactie Lombardstr 55 Uitgever Yes Verantwoordelijk uitgever A. Sinave. Voilà.

AVEUX (1946)

Format : 16° - 3 fr - 20 pages

Photo de vedette de ciné sur la couverture (sur le 1 Maureen O‘Hara)

Il y est simplement fait mention de “Collection Aveux, 55 rue du Lombard, Bruxelles”. Pas d'imprimerie mentionnée.

01 : LE CHATEAU DES CONFIDENCES (Pierre Dancel) + roman inédit par Claire France qui passe en feuilleton
02 : MON AMOUR EST MORT (anonyme/ Susan Hayward sur la couverture)
03 : IDYLLE AU TELEPHONE (anonyme)
04 : JALOUSIE (anonyme/ Charles Boyer en couverture)
05 : LA FIANCEE IMPREVUE (anonyme/Veronica Lake en couverture)
06 : BEL MASQUE (anonyme/ Joan Fontaine en couverture) + L'aveu de la semaine et article sur les pages centrales
07 : EPREUVES (Roger D'Herbieres (couverture Vivian Leigh) La page arrière du n° 7 annonce le grand concours MISS VEDETTE 1946 organisé par “Ciné Selection”. Probablement le dernier numéro.

L'Edition en langue néerlandaise est en fait la traduction de l'édition française.

MET HART EN ZIEL (1946)


01 HET HUIS DER ONTBOEZEMINGEN
02 MIJN ARME LIEFDE
03 LIEFDE OVER DE TELEFOON
04 AFGUNST
05 ONVOORZIENE LIEFDE
06 GEMASKERD BAL
07 BEPROEVINGEN
MET HART EN ZIEL

LES EDITIONS DU NERVIEN COLLECTION COEUR , le roman d'amour du jeudi (1948-1956) (2ème version)

Editions du Nervien S.P.R.L. (!), 55 rue du Lombard., Bruxelles

Imprimeur: Typo Belge, 90 rue Ed. Feas, Jette-Bruxelles

La Collection Coeur redémarre au numéro 1 en 1948 au prix de 4fr (format 13,5/21 et 28 p.)

La présentation uniforme présente une photo de vedette sur la couverture en bichromie

Chaque numéro comprend un récit complet, le feuilleton, l'horoscope et une rubrique féminine sur les pages centrales, dirigée par une autoritaire “Ginette” qui s'occupe également du concours, etc.

Les auteurs sont toujours les mêmes Ainsi le n° 1 n'est autre qu'un texte d'Yvonne de Galais: “La tyrannie d'une mère” puis suivront des petits romans de Guy de Tournelles, Josette Gaëli, André d'Arnaud mais aussi Yves Dermèze, Paul Darlix, Magali… Certains textes de la première série furent ils réédités ? C'est possible sinon probable.

La série vivote jusqu'en 1956, ce qui n'est pas mal et connait plus de 400 numéros, mais à ce moment-là le Nervien a disparu, car la collection Coeur est éditée anonymement avec une simple adresse de rédaction à Koekelberg (Avenue de la Liberté) mais toujours imprimé par Typo Belge à Jette.

Collection Coeur

ANDRE SINAVE ET LE REVE INACCOMPLI est la première partie d'une étude sur les Editions du Lombard et son exégète Karel Van Milleghem.

L'auteur, DannY De LaeT fut organisateur et curateur de diverses expositions sur la BD et la SF. Il a publié diverses études sur la BD, le fantastique et la science fiction dont L'AFFAIRE DUPUIS, HISTOIRE DE LA BD EN BELGIQUE, DE VLAAMSE STRIPAUTEURS, VOYAGE AU CENTRE DE LA BD, HET WARE VERHAAL VAN ROBERT EN BERTRAND, LE CŒUR ET LE CRAYON, LES ANARCHISTES DE L'ORDRE, GUY VAES ET LE DECLIN DU FANTASTIQUE FLAMAND, etc.

Première publication : "Les cahiers BD", édités par VPOB et 2018.