Li'l Abner et Fearless Fosdick

Le thème

Dans le petit village pas tellement mythique de Dogpatch (U.S.A.) vivent deux sortes de gens : la famille Yokum et les autres. Les Yokum sont pauvres mais honnêtes. Les autres sont seulement pauvres. Les Yokum sont gentils, confiants, loyaux, généreux et purs de cœur. Les autres, non. La famille Yokum repose sur un piller : la minuscule Mammy. Grâce à son énergie, à ses principes, à son bon sens, à sa foi en la mission sacrée des Etats-Unis et à son terrible uppercut du droit, les Yokum, s'ils sont en loques comme les autres Dogpatchiens, sont du moins en loques propres et bien repassées. Mammy Yokum fume la pipe. A Dogpatch, toutes les femmes convenables fument la pipe.

(Cette description est de Cavanna pour Charlie Mensuel et l'album Li'l ABner des Editions du Square)

Introduction à Dogpatch (par Cavanna dans Charlie Mensuel 1) :

II y a eu deux chocs dans ma vie. A quinze ans, J'ai rencontré Gargantua. A trente, Li'l Abner.

Je veux vous faire connaître Li'l Abner.

Li'l Abner, c'est le Gargantua du XXème siècle.

Li'l Abner est Inconnu en France, naturellement. Pourtant, la France ne rechigne pas, d'ordinaire, sur ce qui vient d'Amérique, le meilleur et le pire. Plutôt le pire. Mais Li'l Abner, le public de chez nous n'aimerait pas. Les éditeurs de chez nous sont formels. Les éditeurs connaissent le public, c'est leur métier. Moi, le public, je ne le connais pas. Moi, Je SUIS le public. Li'l Abner, moi, Je m'en ferais mourir.

Je ne vais pas vous faire l'article. Voilà l'objet. Vous aimez ou vous n'aimez pas. Je vous jette, en vrac, une poignée d'adjectifs, choisissez : énorme, imbécile, vulgaire, amoral, vachard, cynique, tendre, dingue, infantile, commercial, truculent, absurde, morbide, merveilleux.

Si vous n'aimez pas, tant pis. Tant pis pour VOUS. Vous passez à côté de quelque chose. Moi je vous le dis : Li'l Abner, c'est une épopée. Et je m'y connais en épopées.

Si vous êtes ce qu'on appelle un homme fait, ça vous venge de la résidence, de la moquette et des traites de la voiture. Si vous êtes encore un jeunot, ça vous venge d'avance de tout ça.

Surtout, — surtout ! — Li'l Abner possède une qualité que n'ont aucune de ces emmerdantes prétentieuses sophistiquées histoires à l'érotisme compliqué et niais qui se veulent"bandes dessinées pour adultes". Une qualité formidable : Li'l Abner pête de santé.

Essayer de traduire Li'l Abner, c'est pas rien. Je suis très ému. Je ferai de mon mieux. Mais, quoi que je fasse, je ne pourrai jamais vous faire passer sur la langue la saveur inimitable de l'original.

Oh, que je voudrais vivre à Dogpatch !

(Cavanna a été le traducteur de Li'l Abner dans charlie Mensuel)

Li'l Abner par Morris dans la rubrique 9ème art de Spirou1437 :

C'est une histoire de hill-billies (ces campagnards arriérés des Etats du Sud et autres habitants des monts Ozark, dans l'Arkansas, chers à Erskine Caldwell). On y voit comment Li'1 Abner, têtu célibataire, résiste victorieusement aux assauts de sa Jolie Daisy Mae Jusqu'en 1952. année de leur mariage surprise.

Mais ce cadre amusant n'est qu'un prétexte pour persifler les abus et les préjugés du moment. Ni les gangsters, ni les magnats de Wall Street, ni les politiciens, ni les célébrités à la mode, ne trouvent grâce devant Capp. qui n'hésite pas à mêler à ses histoires G. B, Shaw, Groucho Marx, Danny Kaye, Orson Welles ou Winston Churchill. II s'est même permis de pasticher dans sa série le héros d'une autre série : son détective Fearless Fossdick est une féroce caricature de Dick Tracy.

Une des trouvailles retentissantes dans cette série était le"Sadie Hawkins Day", fête annuelle où une course à pied permettait aux femmes non mariées d'attraper les hommes encore célibataires pour les épouser, (Capp s'était inspiré d'une vieille loi écossaise de 1288 permettant aux femmes de courtiser les célibataires une fois l'an). D'emblée les jeunes Américains adoptèrent cette fête. Elle fut intégrée dans le folklore américain et se tient chaque année dans plusieurs villes.

En 1946, Capp créa pour sa bande un personnage nommé Lena the Hyena (Hélène l'Hyène), fille tellement laide qu'il crut bon de remplacer sa tête par un blanc marqué "Censure". Mais les lecteurs protestèrent, exigeant de voir la figure de Lena. Capp annonça un concours doté de $ 500 de prix au lecteur qui lui enverrait le meilleur dessin de la femme la plus laide du monde. Le jury était Boris Karloff, Frank Sinatra et Salvador Dali. L'avalanche commença. Des horreurs plus cauchemardesques les unes que les autres affluèrent et inondèrent les bureaux de la United Feature Syndicate, qui en compta un million et puis stoppa.

Lénène l'Hyène La presse s'empara de l'affaire. On relégua au second plan les problèmes de l'énergie atomique et on publia à la une, à côté de Molotov, le portrait de Lena. Pendant des semaines, Lena était sur toutes les lèvres. Des expositions eurent lieu avec les meilleurs envois. Nous publions, non sans hésitation, le dessin gagnant...

En 1818. Capp accoucha d'un autre personnage fameux : le Shmoo, petit animal gentil, en forme de poire, sans os, donnant des œufs et du lait et se multipliant rapidement. Grillé, i1 avait un goût de steak et frit un goût de poulet. Cette nouvelle version de la poule aux œufs d'or provoqua de doctes discussions parmi les grands esprits académiques américains. S'agissait-il d'un symbole de l'abondance, et donc anti capitaliste ? Ou bien antitravailliste ? Ou anti-tous-les-deux ? Une fois encore la bande dessinée, à l'instar des contes de fées ou de l'antique mythologie, concrétisait un rêve profondément humain.

La National Cartoonists Society accorda à Al Capp son Reuben Award en 1847. Cette bande, qui compta ses cinquante millions de lecteurs, est publiée dans quatre cents journaux d'outre Atlantique.

Ce qui fait le mérite de Capp, c'est d'avoir ouvert la voie à un nouveau genre de comics (adopté plus tard par les auteurs de la revue "Mad", par Walt Kelly dans "Pogo", et d'autres) où l'actualité joue un rôle et qui raille avec effronterie, mais aussi beaucoup d'esprit, les travers des Américains et de tous les hommes.

L'auteur

L'auteur de la série est Al Capp.

Les personnages

lilabner daisymae tiny honestabe

Li'l Abner

Daisy Mae

Tiny

Honest Abe

mammyyokum pappyyokum salomey schmoo

Mammy Yokum

Pappy Yokum

Salomey

Le shmoo

fearless

Fearless Fossdick

L'extrait

Une histoire en 3 pages qui était parue dans Spirou.
page 1

page 2

page 3

Autres pages pour Li’l Abner