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Claude Guillot est décédé en 2020. Vous trouverez un hommage à cet auteur sur BDZoom.
En 1945, la Belgique ne connaît les séries américaines que par les illustrés français qui, avant la guerre, franchissaient parcimonieusement ses frontières, ainsi que par deux titres locaux, en leurs débuts, « Spirou » (1938) et « Bravo! » (1940), partiellement occupés par les comics. L'originalité de « Story » sera, à contre-courant de ses concurrents, de se consacrer à la réédition des meilleures séries U.S. publiées en France dans les années trente par les soins de l'agence Opéra Mundi.
Le nouveau journal, au titre explicite, offre donc à une nouvelle génération de lecteurs belges une lecture totalement américaine. Seuls « Jeep » et « Hello ! », tous deux bien éphémères, ont joué de l'anglophilie en Belgique, mais avec leurs propres auteurs, pour attirer la clientèle. Sous la direction de François Prête, les Éditions du Pont-Levis, qui lancent « Story » sur le marché, ont leur siège au 17 de la rue du Houblon à Bruxelles, et l'éditeur responsable se nomme Emile Van Heerswynghels. On leur doit également, la même année que « Story », « Annette »,un autre hebdomadaire, destiné aux jeunes filles, ainsi que, plus tard, « Mickey Magazine ».
Le premier numéro de « Story » sort le 15 juin 1945, sans souci excessif de présentation : un lourd titre rouge éclate sur fond jaune, souligné d'un sommaire sur un bandeau bleu, qui disparaîtra ensuite, ne laissant qu'un sous-titre, « le grand hebdomadaire d'aventures ». La disposition intérieure est classique : quatre pages couleurs, quatre pages noir et blanc, et le format modeste (21 x 29 cm). En première page, chevauchant Silver, le Lone Ranger de Charles Flanders rend la justice sous le titre de L'Homme masqué, comme dans « Hop-là ! ».
Au verso, un strip de Blondie, qui sera éphémère, est écrasé par le roman traditionnel. La page 3 est occupée par Roland Cassecou (Radio Patrol d'Eddie Sullivan et Charlie Schmidt, plus tard retitré Sergeant Pat), une bande policière assez simpliste qui avait connu une large diffusion en Europe avant la guerre et marqué durablement ses lecteurs.
Un des mérites de « Story » sera en effet de diffuser aussi des séries moins connues mais de qualité : Tex le cow-boy, d'Allen Dean, Tippie, par « Edwina » (Edwina Dumm), Skippy, le gamin prestement croqué par Percy Crosby, ou les Durondib (« et leur chien Adolphe », bien sûr) de Knerr, bande complémentaire de Pim Pam Poum, qui n'interviendront, eux, que quatre années plus tard, après avoir sévi dans « Bravo ! ».
Un peu plus tard, tout se met en place : correspondance, liste des Amis de Story (tiens, des A.d.S.), une chronique d'Oncle Story (sic), qui incite ses chers nièces et neveux à devenir journalistes en leur demandant de faire parvenir à la direction des informations intéressantes, des histoires comiques, des suggestions, etc.
Surprise au n° 116 du 5 septembre 1947, où la série d'aviation Marc Orian est remplacée par une bande visiblement non américaine, Le Hibou gris, signé Marleb, autrement dit Jacques Martin à ses débuts, assisté de Henri Leblicq. Une histoire à la ligne presque claire, déjà parue en 1946 dans les quotidiens « L'Indépencance » (Charleroi) et « La Wallonie » (Liège). Jacques Martin a longtemps refusé de laisser rééditer ce péché de jeunesse de « Marleb » et la lecture de cette première aventure justifie ses réticences : il s'agit en effet d'un travail hésitant qui fait plus que s'inspirer du graphisme d'Hergé. On peut noter cependant, à côté des naïvetés du récit et des personnages un certain sens de la narration.
La suite de cette série, Le 7 de trèfle, paraîtra trois ans plus tard, non plus en pleine page couleurs mais en noir et blanc et sur un coin de page.
Cette tentative insolite dans le contexte, sera la seule du genre et, en 1948, deux nouveaux américains entrent en lice: les très différents Jimmy de Swinnerton (n° 134) et Tim Tyler de Lyman Young, qui manquait au panorama, hélas dans sa fâcheuse version « post âge d'or », pleine d'autruches folles. Au n° 148, Marc Orian réapparaît, dans un récit de science-fiction.
Enfin, effort suprême au n° 248, le journal passe à 20 pages, avec des couleurs plus vives et une couverture qui, renonçant à la bande vedette Mandrake, présente un héros du journal en pleine page (personnage ou case). Le titre s'augmente d'un « Magazine des jeunes » et le soustitre devient tout simplement « Les plus belles histoires par les meilleurs dessinateurs du monde ».
D'autres dessinateurs, plus discrètement, viennent renforcer l'équipe technique : Tenas (alias « Brabant » pour les illustrations de romans), Rali, ainsi que leur homme à tout faire, le jeune Tibet, tous les trois en provenance de « Bravo ! ». En dépit des efforts (on peut y ajouter des chroniques cinématographiques et des films racontés), et malgré un résultat plutôt séduisant, au printemps 1951 la direction annonce à ses lecteurs :
Le 22 mars 1951, l'histoire de « Story » s'achève.
Toutes les séries à suivre se terminent par un petit texte placé après la dernière case, résumant succinctement la fin de l'histoire. C'est un respect assez rare des lecteurs !
Certains esprits chagrins ont qualifié ce magazine de peu intéressant, puisque reprenant uniquement des bandes américaines. Nous estimons au contraire qu'il faut applaudir ce choix délibéré de révéler de nombreux dessinateurs de talent peu connus du public belge.
Quant aux anciens lecteurs français des illustrés des années trente, en supposant que « Story » ait pu leur tomber sous les yeux, nul doute qu'il leur serait apparu, malgré son format modeste, comme un émouvant rappel d'un âge perdu.
Claude Guillot avec le large appui de Dany Evrard
Titres | Numéros | Auteurs |
L'Homme Masqué | 1 à 18 / 83 à 301 | Bob Green / Charles Flanders |
Les Aventures de Blondie | 1 à 27 | Chic Young |
Roland Cassecou et son chien Tom puis Sergeant Pat de Radio Patrol | 1 à 133 / 186 à 283 | Eddie Sullivan / Charlie Schmidt |
Mandrake roi de la magie | 1 à 31 | Phil Davis |
Mathurin dit Popeye | 1 à 212 / 213 à 301 | Segar - Bill Zaboly |
Le Fantôme noir | 1 à 22 | Lyman Anderson |
Pivoine et Pétunia | 1 à 29 | Chic Young |
Tex le cow-boy | 23 à 63 | Allen Dean |
Tippie | 28 à 108 | Edwina Dumm |
Skippy | 28 à 45 | Percy Crosby |
Les Durondib et leur chien Adolphe | 30 à 82 | Harold Knerr |
Ramenez-les vivants | 46 à 92 | Paul Frehm / Ed Stevenson |
Marc Orian puis Barney Baxter | 64 à 115 / 148 à 237 | Frank Miller |
Le Père la Cloche | 93 à 233 | Clarence D. Russell |
Myrtille et Cie | 109 à 139 /141 /143 /145 / 147/217/218 | Dudley Fisher |
Le Hibou gris | 116 à 145 | Marleb |
Little Jimmy | 134 à 138 /140 /142 / 144/ 146/ 187 à 216 | James Swinnerton |
Tim Tyler | 139 à 301 | Lyman Young |
Félix le Chat | 187 à 232 | Otto Messmer |
La Famille Flop | 230 à 301 | Swan (George O. Swanson) |
Pim Pam Poum | 233 à 301 | Harold Knerr |
Dick Alden | 234 à 301 | Neil O'Keeffe |
Le Sept de Trèfle | 234 à 273 | Marleb |
Gordon | 236 à 301 | Emmanuel « Mac » Raboy |
Johnny Hasard | 238 à 301 | Frank Robbins |
Fatso | 248 à 288 | Clyde Lewis |
Big Ben Boit | 284 à 301 | John Cullen Murphy |
Le Fantôme | 289 à 301 | Wilson McCoy |