Chapitre 3 : Editions parisiennes
| Editeur | Les Editions Modernes, 22 Passage des Petites-Ecuries, Paris 10ème |
| Gérant-directeur | Ed. Drin |
| Périodicité | paraît le 1er et le 15 de chaque mois |
| Format | 20,5 sur 13 cm |
| Pages | 20 pages |
| Années | 1950 - |
Le 15 février 1950 paraît le n° 1 de Paris-Romans qui contient deux BD, une histoire à suivre sur deux pages et une histoire complète, en l’occurence “J’ai fait un joli rêve”, mièvre histoire d’une midinette qui découvre le grand amour.
Pourtant Les Editions Modernes voient grand : “Chaque roman est raconté par l’image. Cette formule nouvelle, appellée à un grand succès, permet de suivre le déroulement de l’action dans une suite d’illustrations qui en font un véritable film. Ces romans peuvent être mis dans toutes les mains.”
Ouais. Seulement le dessin n’est pas très bon, ni très convaincant. Il est classique sans plus. Et nous ignorons tout du dessinateur. Sur le dessin de couverture figurent les initiales G. N.
Nous ignorons aussi le nombre de numéros parus et si oui ou non cette publication connut un grand succès.
| Editeur | Editions: Nuit et Jour, 14 Bd de la Madeleine, Paris 8ème |
| Directeur | Charles Malexis |
| Directeur général | André Beyler |
| Périodicité | Hebdomadaire |
| Format | 31 sur 23 cm |
| Pages | 36 pages |
| Années | Né fin des années ’40 ? |
Quand est né cet hebdomadaire ? A sa naissance - dans les années ’40 - il n’arborait certainement pas “l’hebdomadaire des romans-photos” comme sous-titre. Dans les années ’50 en tout cas il contient 3 ou 4 roman-photos à suivre, un roman photo complet et même une bande dessiné en récit complet étalé sur 10 pages !
Hélas, le déssin n’est guère convaincaint car inféodé au style italien (et probablement d’origine italienne). Cette fois c’est un bien piètre dessinateur qui ne cesse de copier les têtes de vedettes américains, Jane Russel, Ava Gardner, Randolph Scott, Alan Ladd, Gregory Peck…
A oublier au plus vite si ce n’était que Rino Ferrari n’ait participé à cet hebdo pour lequel il dessinera des couvertures de 1949 à 1955. Il y a donc peut être bien de bonnes choses à glaner dans cet hebdo qui sera par la suite absorbé par Confidences !
| Editeur | Editions Nuit et Jour, 14 Bd de la Madeleine, Paris 8ème |
| Directeur général | André Beyler |
| Directeur artistique | Pierre Lagarrigue |
| Périodicité | Hebdomadaire |
| Format | 38 sur 50 cm (avec quelques variations au fil des ans) |
| Pages | 24 pages |
| Prix | 30 francs en ’54, 40 frs en 1956 |
| Années | de 1949 à 1958 (?) mais sous réserve…-- |
Radar c’est autre chose ! Cet immense canard hebdomadaire était bourré de reportages-photos, question de faire concurrence à V-Magazine aussi bien qu’à Paris-Match. Mais Radar - édité par Nuit et Jour qui fut également l’éditeur de Galaxie, première mouture – offrait surtout de magnifiques couvertures dessinées par le génial Rino Ferrari (..?..-1987 ) qui en excellence ne furent égalées que par les dessins de couvertures de Boléro. Engagé par Beyler qui lui confie les couvertures de Rêves, Ferrari collaborera à partir de 1949 à Radar et outre les couvertures et des illustrations il y livre des BD. La première paraît en 1949 encore en succèdant au dessinateur Andreas Rosemberg : Le destin est à bord, sur texte de G. Constant et continuera sur cette lancée avec quelques magnifiques BD adultes, au lavis bien entendu et mâtinées de polar et d’amour, occupant une page entière de ce curieux hebdomadaire. Des BD à (re)découvrir certainement ! Radar gardera longtemps une page entière réservée à la BD mais en proposant deux BD sur cette même page, dont des récits dessinés par Angelo di Marco e.a.
En ’56 on verra aussi apparaître sur la page arrière, consacrée à l’humour, un strip “Les actualités par Toto Guérin” et une petite bande dessinée humoristique, La famille Boutentrain, dessinée par Claude Raynaud, dans un style proche de celui de Jacques Faizant.
Ferrari quittera toutefois Radar, vers le milieu des années ’50 probablement, dessinera pour Del Duca, ensuite pour les Editions Impéria, mais là son oeuvre se limite à des couvertures (plusieurs centaines!) souvent extraordinaires et aguichantes au possible (dépassant souvent en qualité les BD intérieures).
Radar fut le fer de lance des publications d’André Beyler (1916-2009), qui débuta avec Qui (magazine polar raté et éphémère) mais surtout éditeur de Détective et de Galaxie, première mouture et moins mauvaise qu’on le prétende. Beaucoup de sensationalisme là dedans, mais aussi pas mal de bonnes choses à glaner, notamment en BD et qui vaut le détour, ne fut ce que pour la présence de Ferrari.
| Editeur | E.L.A.N. 5 boulevard des Capucines, Paris |
| Gérant | F. Lamblin |
| Périodicité | Hebdomadaire |
| Format | 20 sur 14 cm |
| Pages | 84 pages |
| Prix | 50 Fr (Belgique 10 Fr) |
Le n* 1, paru le 10 juillet 1950, était fort prometteur. Chérie se distinguait de nombreux confrères par son format inusuel, entre le format magazine et le format digest. ELAN, éditeur de GONG (illustré pour jeunes mais assez pauvre), OHE et LES ROMANS D’AUJOURD’HUI, voulait frapper l’imagination des lecteurs et proposait en couverture et en haut de page, le titre Caroline Chérie, premières amours qui occultait un peu le titre de la revue même, qui figure presqu’en bas de page dans un cartouche. Un peu confus tout cela. Le contenu lui était plutôt touffu et même copieux : nouvelles sentimentales, articles et photos de vedettes du ciné, courrier des astres, courrier du coeur et tribune de l’amour et même la page du tricot !
Parmi les collaborateurs on note les noms de Georges Fronval, de Louis-Charles Royer (aux insipides romans d’amours verts) et René Brantonne qui illustre Vivian, “le premier roman noir féminin”, dû à Pierre Vergely.
Mais là où cela devient intéressant pour les collectionneurs c’est de voir dans ce n* 1 surgir le nom de Jef De Wulf, encore jeune dessinateur débutant qui livre ici quelques dessins au style encore hésitant. Hélas nous avons dû déchanter en croyant découvrir ici une bande quasi inconnue de notre Dewulf (Christian Castéra commettra la même erreur, nous sommes en bonne compagnie !) mais comme nous l’apprit le distingué biographe de Jef De Wulf, l’élégant Pierre Aurousseau, la BD légèrement érotique Caroline Chérie, d’après le roman de Cécil St Laurent et qui occupe 16 pages, dans un style encore hésitant, très légèrement érotique, disons prometteur sans plus, n’est pas de Jef, qui se contente de livrer ici quelques illustrations diverses, dont quelques dessins pour Caroline et pour un roman à suivre “Corinne, voluptés Vénitiennes” par Max Mériel.
| Editeur | Société Parisienne d’Edition, 4 rue de Dunkerque, Paris 10ème |
| Périodicité | ? |
| Format | 17 sur 18,5 cm |
| Pages | 48 pages |
| Prix | 80 Fr (Belgique 12 Fr) |
| Années | Fin des années 50 |
Sous le format des célèbres albums papiers de la SPE (ex-Offenstadt)
qui éditaient Les
Pieds Nickelés (Pellos), Bibi Fricotin (Forton, Lacroix),
Charlot (Mat, Forest) e.a. la
collection Jeune Fille, dessinée par Robert Gigi, dans un style
sobre mais net (et influencé
par Nortier sinon Kline) présentait chaque fois une histoire complète
à l’eau de rose, mais
quand même axée un tantinet sur l’aventure.. Une belle petite série
qui connut 4 numéros au
moins.
Gigi s’afficha plus tard dans la BD adulte avec Scarlet Dream, sur scénario de Moliterni dans V-Magazine.
A noter que la SPE éditait encore une série similaire avec des adaptations de romans classiques, la série de petits albums Mondial Aventures, (50 pages, 90 f.) qui adaptait des romans des grands classiques (Stevenson, Dumas, Flaubert, Gauthier, Hugo), bien supérieure à la série Les Grands Récits Illustrés, éditée dans les années cinquante par Paris-Roman en Images, 22 Passage des Petites-Ecuries à Paris (gérant-directeur Ed. Drin) adaptant Gustave Aimard, Walter Scott, Th. Gauthier, Eugène Sue et d ‘autres, mais fort mal dessinés (e.a. par Jean Kalistrate ) avec pages surchargées (cinq bandes par planche), dessin malhabile, abus de noir, etc.
A la SPE au moins on soignait ses dessins, puisque on y trouve des adaptations faites par René Giffey (les compagnons de Jéhu), Pellos (Le mystère de l’Atoll), Novi (John Favys), etc. Mais toutes les adaptations ne furent pas aussi réussies, ainsi la version dessinée des Trois Mousquetaires par Y.W. Groux est fort malhabile.
N’empêche que cette série, souvent aussi plus réussie que les célèbres Classics Illustrated, était bel et bien destinée à tout public, jeunes et vieux, de par leur contenu plus adulte que la plupart des “petits Mickey”. D’ailleurs cela ressortait de la politique de la maison: si Bibi Fricotin dans les mains de Lacroix s’adressait aux jeunes lecteurs, les Pieds Nickelés de Pellos, voire même le Charlot de Jean-Claude Forest, étaient surtout goûtés par les lecteurs adultes. Si, si!
| Adresse | Chaussée d’Antin 60, Paris |
| Gérant | G. Baranton puis à partir de 1951: Georges Dargaud |
| Périodicité | paraît tous les jeudis |
| Format | 27 sur 21 cm puis en ’49 32 sur 23 cm et en ’53 28 sur 21 cm |
| Pages | 20 pages |
| Prix | 15 frs en ’48, 20 frs en ’49, 35 frs en ’52, etc… |
| Années | démarre en 1948 |
De tous les illustrés féminins et hebdomadaires A TOUT COEUR est
un des plus
intéressants point de vue BD. Il se distingue d’emblée par sa mise
en pages nette et
soignée. Peu de photos-roman au début mais beaucoup de textes,
nouvelles et romans à
suivre, joliment ilustrés. Et comment ! Le principal illustrateur
des textes n’est autre que
Raoul Auger, un des grands méconnus de la BD Française. Certes,
il est peut être davantage
connu en tant qu’illustrateur, auteur d’innombrables couvertures
de livres, dessinateur
publicitaire , etc, mais on ne peut nier son apport à la BD. Auger fut
certainement pour une
(bonne) part dans le succès du journal de Tintin (démarré en
France en 1948) et où il publia
maintes BD, qui ne furent pas toutes reprises dans l’hebdomadaire
Tintin diffusé en Belgique.
N’empêche. Auger laisse un immense réservoir de BD à l’eau de rose certes mais à l’heure actuelle où l’on réédite n’importe quoi et n’importe qui, il serait louable d’éditer l’une ou l’autre histoire dessinée par le grand Raoul Auger, qu’on se le dise !
Bref, Auger démarre dans A TOUT COEUR selon toute vraisemblance en 1949 avec une bande dessinée sur deux pages, intituléé L’Amour avait menti… que A TOUT COEUR annonce comme “Une réalisation sensationelle et inédite dans laquelle vous trouverez toute la séduction du ROMAN toute la vérité du THEATRE tout le mouvement du CINEMA.”
Rien que cela ! A vrai dire cette première tentative est curieuse ; elle se présente à raison de six cases par planche et avec des sous-textes comme les anciennes BD d’avant-guerre. Histoire d’amour certes, mais quelle style ! Quel graphisme ! Quel soin aussi dans le dessin, net, clair, souple, bien proportionné. Quel dessinateur, mes enfants !
Auger enchaîne avec Pour l’amour de Carole, une histoire avec une hôtesse de l’air amoureuse bien sûr, suivi par Le Calvaire de l’amour sur un scenario de Georges St-Bonnet, où la mise en pages devient un tantinet plus dynamique. Toujours pas de dialogues mais les sous textes deviennent des cases baladeuses, encastrée dans l’image. Auger est par ailleurs rejoint pas un deuxième dessinateur, anonyme, qui presente de façon un peu similaire la BD Jack et Jackie, également sur deux pages. Un beau coup de crayon mais sans la rigueur exemplaire d’Auger. C’est plaisant sans plus.
Jack et Jackie sera suivi par Ame en détresse, encore une BD anonyme, peut être d’origine italienne. A TOUT COEUR copie un peu Nous Deux par l’ampleur de ses couvertures et de ses BD sans toutefois inclure des photos-romans.
Auger lui enchaîne avec Une femme survint, également sur scénario de G. Saint-Bonnet, tandis que Hors-la-loi succède à Ame en détresse. Hors-la-loi est une BD Française, dessinée par J. Sidobre dessinateur chez Marius et Le Hérisson et même chez Nous Deux où il dessine sous le nom de Sanclair. Il deviendra célèbre sous le nom de Georges Levis avec des BD pornos, mais bien plus tard…
En 1951 Auger dessine Une femme à bord. Les planches se présentent selon un agencement saccadé tres dynamque, mais toujours sans phylactères et notre Sidobre dessine Aventure à Shangaï selon une présentation identique.
Auger quant à lui verse de plus en plus vers un timide erotisme qui n’est pas pour déplaire Cela continue en ‘52: Auger dessine Celle qu’on attendait et notre Sidobre Le Lac des fées. En 1953 entrée encore timide d’un nouvel illustrateur, un certain Georges Pichard, tandis qu’Auger livre un Diane de Turgis, d’après la “Chronique de Charles IX” de Prosper Mérimée et entrée du roman-photo !
Même A TOUT COEUR doit capituler devant la vague et vogue commerciale du roman-photo. Le premier roman-photo s’intitule d’ailleurs La femme nue et encore qu’on ne nous dévoile rien, le titre est racoleur en diable
Pichard quant à lui se met à la BD avec La vie secrète des grandes amoureuses, allant de Mme Tallien à Irène de Chypre et Caroline, la fée des Isles, et au-delà bien entendu, et même si on est loin encore de Gabrielle de Saint-Eutrope, certaines attitudes et poses sont nettement érotisantes. Sacré Pichard !
Hélas pour Auger s’en est fini de la BD et même des illustrations. Coincé entre les deux photos-roman obligatoires Pichard livre encore de belles choses, dont un excellent La véritable histoire de Milady en 1954, suivi par La reine Hortense, tout aussi frivole. Pichard en restera là mais un nouvel illustrateur fait son entrée : Raymond Poïvet, qui livre illustrations et couvertures.
Une courte BD La Baie des passions par un dessinateur français ne sera pas trop mal dessinée, mais pas très convaincante non plus, paraîtra étalée sur 4 pages et suivie de Et l’amour dispose puis par Flagrant délit. Tout cela en 1955-56.
Ce qui suit est peut être français, mais certainement influencé par les BD similaires italiennes, soit même d’origine italienne, je pense à Trop jeunes ou La fille de personne. Si ce n’était pour les illustrations de Poïvet on s’apercevrait davantage de la mièvrerie de cet hebdomadaire qui verse maintenant dans les clichés du genre et ne possède plus le spitant des années 1949 à 1952.
Mais quand même quelle belle brochette d’illustrateurs et auteurs de BD: Auger, Sidobre, Pichard, Poïvet !
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NOTICE SUR RAOUL AUGER :
Né à Paris le 24 mai 1904 et décédé à Pontoise le 9 février 1991, Raoul Auger est surtout connu en tant qu’illustrateur: affiches, dessins publicitaires, couvertures et illustrations de livres e.a. pour la Collection Jean-Francois (Fleurus), pour Bibliothèque Verte (Hachette) et la collection Rouge et Or (Presses de la Cité). Pour beaucoup d’amateurs ce sera néanmoins le dessinateur de BD dont ils se souviendront, plus particulièrement le dessinateur extraordinaire de récits biographiques dans l’édition France de l’hebdomadaire Tintin. C’est dans cet illustré qu’il livre un superbe “Le Grand Cirque”, souvenirs de guerre de l’as français de la RAF, Pierre Clostermann (pourtant déjà dessiné par Christian Mathelot dans Coq Hardi 1948-49 et même paru en album). Ce récit paraissant en première page de Tintin, fut froidement reçu e.a. par Marcel Dehaye, factotum servile et essuie-pieds d’Hergé qui dut par la suite rectifier le tir de son collaborateur et admettre qu’Auger n’était pas un si mauvais dessinateur (voir à ce sujet le livre de Philippe Goddin : Hergé, lignes de vie, Moulinsart, 2007). Bien au contraire, Auger était un splendide dessinateur, au trait fin et clair (si, si !) et à la perception visuelle éclatante. Il avait débuté dans les Tom’X aux Editions du Siècle (1947-48), puis travaillé pour Tintin dès 1949 (Le Grand Cirque, Roald Amundsen, Les dépouilles de la mer) etc, tous au lavis et/ou magnifiquement mis en couleurs. Mais de 1949 à 1953 il dessine surtout pour A Tout Coeur où il livre une dizaine de BD sentimentales: L’AMOUR AVAIT MENTI (1949), POUR L’AMOUR DE CAROLE (1949), LE CALVAIRE DE L’AMOUR (1950), UNE FEMME SURVINT (1950), LA CROISIERE DU DESTIN (1950-51), UNE FEMME A SUIVRE (1951), UN BAISER DE CINEMA (1952), CELLE QUI ATTENDAIT (1952), DIANE DE TURGIS (1952), LOUISE DE LA VALLIERE (1953) – (titres sous réserves, je n’ai pas de collection complète). Auger dessinera encore quelques BD dans Ames Vaillantes, Pilote et Lisette, jusque dans les années ’60, mais qui sait, découvrira-t-on encore d’autres trésors de ce très grand dessinateur oublié ? |
| Editeur | Edi-Monde, 7 rue de la Paix, Paris |
| Directeur/rédacteur en chef | B. Dablanc A partir de 1952: Paul Winkler et Clément Gueymard, gérants Encore plus tard uniquemment P. Winkler |
| Périodicité | hebdomadaire |
| Format | 31 sur 23 cm |
| Pages | 28 pages |
| Années | nouvelle série démarre en 1948 |
Bien que jouant sur un nombre impressionnant de textes à lire,
Confidences étale un sérieux
impassible avec de belles pages publicitaires et une mise en pages
tout à fait professionnelle.
C’est que Confidences fut déjà crée en 1938 par Paul Winkler.
Et Confidences livre une guerre sans merci contre Nous Deux et Intimité, sans compter Femmes d’Aujourd’hui, tous hebdomadaires qui glanent le même secteur du lectorat féminin.
Mais Confidences qui démarre en 1948 avec une “nouvelle série” (jamais vu l’ancienne d’ailleurs) est un cas à part.
De conception plus austère que Nous Deux, Confidences se présente davantage comme Intimité, mais avec plus de goût quand même et devient le chantre des romans d’amour de Barbara Cartland, la classe quoi!
Confidences regorge d’ailleurs de feuilletons et nouvelles, souvent joliment illustrés (Brenot) et se présente sous couverture couleurs : soit une photo ou un joli dessin, portrait de femme ou de couple, par R. Geleng.
Classe aussi dans le choix des BD: Rip Kirby d’ Alex Raymond en pleine page, Blondie et Cie de Chic Young en stop comic et en 1948-49 la seule BD Française sur une bande en bas de page: Alice au pays de la beauté. Alice étant cette jeune fille qui vous donne - à vous madame – ces bons conseils pour l’usage des produits de beauté et des soins du corps. C’est à peine érotique, tout juste curieux sans plus…
Petit à petit d’autres BD vont surgir. Début 1950: “les aventures de Rojanette”, histoire d’une jeune femme qui du jour au lendemain deviendra vedette de cinéma. Scénario et dessins de Van Straelen. Comment ? Le Van Straelen qui…? Eh oui, le dépanneur de Rob-Vel et Kurt Caesar, dessinateur chez Offenstadt, dans Les Cahiers d’Ulysse, le dessinateur de Bill L’Albatros et Le Saut de la mort, etc. Un beau dessin certes, un peu figé et une histoire à l’italienne d’aillleurs.
1952 est une année grand cru: Kirby, Alice et Blondie sont rejoints par une nouvelle BD italienne : La mare aux violons par Steve Damont (?), sur deux pages. Superbe dessin au lavis mais encore une fois trop figé, une disposition des cases peu habituelle et beaucoup de savoir faire sans vraiment emballer le lecteur… Et encore une fois le dessinateur copie trop à partir de photos de films.
Cette même année démarre également “Le destin n’a pas le choix” par Ker Millau.(?). Même technique au lavis mais surabondance de gros plans. Pour le contenu : jalousie, vengeance, amours décus… Rien d’original là dedans…
En 1953 Steve Damont (auteur, scénariste, allez savoir…) remet ça avec “Ines et le nain”, avant de céder la place à Marculetta, qui anonymement publie de 3 à 5 planches par semaine de “Vendetta” (toujours soi-disant par Ker Millau). Le dessin de Marculetta plus aéré est superbe, malgré la mièvrerie de cette sombre histoire d’amour impossible et de vengeance.
Paraissent également cette année – chaque semaine sur 4 planches – Les grands amoureux de l’histoire (Cléopâtre, Le drame de Mayerling, Toutankhamon, etc) - par Jacques Blondeau, grand fournisseur en la matière, surtout de bandes verticales dans les quotidiens et probablement s’agit-il là de reprises de ces bandes remontéers et pourvues d’un abondant texte, hélas! En tout cas le dessin de Blondeau est sensuel, assez érotique même, mais la mise en pages et le trop plein de texte détruit ce bel ensemble.
En 1954 paraît “Talhiao l’île ardente” (d’après le roman de Christophe Bonheur), toujours ces superbes dessins au lavis par un italien quelconque, mais bon dieu, que ces visages sont outrancièrement copiés de photos de films: on reconnait sans peine Lauren Bacall, Elisabeth Taylor, Louis Jourdan, j’en passé et des meilleurs…
Bref, si l’apport de la BD n’est donc pas négligeable, il n’est guère original et n’intéresse que médiocrement l’amateur de BD.
Et ici encore le roman-photos va remplacer les BD, qui curieusement feront un retour en force (mitigé) en 1967. Pour son vingtième anniversaire Confidences annonce fièrement le retour de la Marquise des Anges (Angélique revient !) mais aussi “Les 10 meilleures bandes dessinées du monde”. Vains espoirs pour les amateurs qui retrouvent là les nouvelles aventures de Popeye (abominable), Juliette de mon coeur, Rip Kirby (mais de Prentice), Mandrake (mais de Fredericks) et Ben Casey (Neal Adams)…Tout cela sent le vieillot et pue la naphtaline… Misère…
Et le lecteur décroche. Confidences deviendra Mon journal Confidences, absorbe Rêve(s), fusionne avec 7 Jours Madame et deviendra 7 Jours Madame Confidences, avant de terminer en tant que Confidences Magazine en 1986. Mais de tout cela on s’en fout royalement !
| Editeur | Editions Presses Mondiales 5 rue des Moulins, Paris Ier |
| Périodicité | mensuel |
| Format | 21 sur 27 cm |
| Pages | 52 pages |
| Prix | 95 Frs |
| Années | 1953 |
“Publiés par les Presses Mondiales et autres Editions Le Trotteur, ils furent dans les années ’50 le pendant des romans noirs sexy dont ils étaient parfois l’adaptation. Leur caractère de bandes dessinées (pourtant ignorés des catalogues spécialisés), l’érotisme revendiqué par la plupart , le scénario souvent mais pas toujours policier, auraient pu les faire classer dans n’importe quelle partie du présent catalogue . En fait, ce sont les collectionneurs de policiers qui ont contribué à sauver de l’oubli ses rartes fascicules (…)” dixit Chistian Castéra dans un des ses superbes catalogues.
Effectivemrent, c’est le collectionneur Claude Soulard qui mentionna ces publications dans son petit livre bibliographique Sexy…ce roman noir et ici nous pénétrons d’emblée dans le domaine de la BD pour adultes .
Il y a dans les diverses séries éditées par Presses Mondiales (Roger Dermée) deux séries LES GRAND ROMANS NOIRS POLICIERS (12 numéros plus un spécial) et la série LES ROMANS EN IMAGES, à son tour sous-divisée en “Amour et Police”, “Drames de l’amour” et “Amour et Espionnage” (au moins 11 numéros), tous parus en 1953 semble-t-il.
| Format | 21 sur 27 cm |
| Prix | 50 Frs |
| Pages | 28 pages |
01 : ALERTE AU FBI (G. Maxwell/dessins de R. Dalmas)
- série Amour et Espionnage
02 : LES AMANTS DU LAC (série Drames de l’amour)
03 : AMOURS DE SOUDARD ( M. Dahin /dessins de A. Pinon)
- série Drame de l’amour
04 : CONFESSIONS DANS UN MASSACRE (R. Tachet/dessins de R. Dalmas)
- série Amour et Police
05 : QU’ EST-CE QU’ ELLE LEUR MET!
- série Amour et Espionnage
06 : UNE FILLE PERVERSE
- série Drames de l’amour
07 : LE POIDS D UNE TRAHISON
- série Drame de l’ amour
08 : ?? Paru ?
Il y eut toutefois une troisème série:
De ce troisième avatar des Presses Mondiales je n’ai qu’un vague souvenir (plus épais et plus cher: 150 frs) et hélas aucun numéro disponible, mais d’après ma brumeuse mémoire il y eut dans cette série quelques bonnes petites choses tres érotiques pour l’époque… Help ?!
Quoi qu’il en soit, toutes ces tentatives avortées laissent un souvenir mitigé. Dermée jouait ouvertement la carte des BD adultes et sur l’aspect érotique, à peine effleuré dans les BD italiennes, genre Nous Deux. Comme ce fut souvent le cas dans ces nombreuses publications de romans, une fois un filon épuisé, celui-ci était soit remplacé soit abandonné. Dermée eut-il des démélés avec les censeurs ou bien les séries n’étaient elles pas suffisament allèchantes que pour convaincre le lectorat ?
Toujours est-il que la qualité souvent médiocre des ces BD n’était pas de taille à convaincre les amateurs de BD. De fait avec ces publications Dermée s’adressait peut-ëtre à un lectorat décontenancé car habitué à des BD adultes plus sentimentales, moins dures, moins violentes. Il manquait, quoi qu’on en pense, à ces diverses séries dessinées une tête de série, un fer de lance, bref un dessinateur assez convaincant que pour obtenir un franc succès de lecture et de librairie comme ce sera le cas après avec Barbarella.
Pourtant la série des Grands Romans Noirs Dessinés démarre assez bien avec La môme Hopy, dessiné par un jeune Jean-Claude Forest et sur scénario du prolifique Georges Maxwell, alias R. Esposito et père spirituel de La Môme Double-Shot, puis de sa fille Miss One Shot, ainsi que de séries moins longues, Le Jaguar et Miss Luger…
L’érotisme est très sage, le dessin une peu stérile. Ce n’est pas encore du grand Forest qui vivote un peu à gauche et à droite (chez Artima e.a.) avant de livrer ses superbes couvertures chez Opta (Mystère-Magazine, Fiction) et sa première grande série (Charlot chez la SPE).
Forest ne dessinera d’ailleurs qu’un seul épisode des Grands Romans. Le numéro 2 est confié à Marculeta, dont on appréciera surtout le n° 5 de cette série, Elle ne perd pas son temps, qui est superbe et lui aussi basé sur un scénario de Maxwell-Esposito. Mais auparavent la série se détériore déjà dès le n° 3 car tous les épisodes dessinés par Gal sont maladroits, trop schématisés, guère passionants, contiennent souvent trop de texte et, hélas pour nous, présentent souvent un érotisme de pacotille. Une cuisse, une jaretelle, une paire de fesses, une poitrine dénudée, c’est bien peu pour les blasés que nous sommes. C’était beaucoup déjà pour l’époque mais c’est le côté malhabile qui nous désillusionne… Idem pour la série Les Romans en Images, où sévit surtout le dessinateur Dalmas, au dessin exaspérant et malhabile, parfois vraiment nul.
A noter d’ailleurs que les couvertures, si elles montrent ci et là quelques beaux exemples de dessins “noirs”, témoignent bien trop souvent d’un net manque de professionnalisme.
Seuls Forest et Marculeta font plus ou moins honneur à leur vocation. Pourtant ces BD avec pas plus de quatre à cinq cases disposées dans un ordre pas très rigoureux, mais assez dynamique , avaient leur charme. Très curieux est le n° 3 (Amours perverses) dont le dessinateur reste inconnu. Souvent les dessinateurs s’inspiraient de modèles repiqués dans Nous Deux.
Quant au très court roman d’André Héléna, il est illustré par un véritable dessinateur avec du talent et du goût (il s’agit peut être de R. Poïvet ?!?) Ah, Dermée, si vous aviez eu un peu plus de jugeotte dans le domaine de la BD…
Somme toute, bien qu’ exemplaire d’un climat et d’une demande propre à son époque avec la Série Noire et toutes les séries annexes, les romans de Cheyney et les films d’Eddie Constantine et de Jean Gabin, et bien que dotées d’une présence érotique indéniable, ces petites BD n’auront été qu’un feu de paille. Par leur manque de qualités intrinsèques, propres à la BD, ces diverses séries ratèrent leur entrée dans le domaine. Dommage.
Il y avait plus de “noir” dans les récits de Ginger (Jidéhem) et Félix (Tillieux) paraissant vers la même époque dans les Héroïc-Albums belges et c’était vachement mieux dessiné.
Vraiment dommage car quelle belle occasion l’éditeur manqua-t-il là ! (manque Attila ? )
| Editeur | I.T.J.F., Marles-les-Mines |
| Directeur/Gérant | C. Julien |
| Périodicité | mensuel |
| Format | 28 sur 18,5 cm |
| Pages | 32 pages |
| Prix | 65 Frs |
| Années | 1958-1959 |
Reprenant la formule des Grands Romans Noirs Dessinés, Suspect vaut à peine le détour tant les dessins sont mal ficelés et fagottés, figés, maladroits etc.
Une curiosité sans plus. J’ignore combien il y eut de numéros. Au moins 4. Dessinateurs : un certain G. Man (haha !) et un certain Leprêtre. Bof…
Je ne montre rien; c’est trop moche…
Prochain chapitre : Le clan des Lyonnais
Première publication de ce texte : "Detective Story - Cahier BD III", éditions Kosmopolis/VPOB, 2013.