Chapitre 4 : Le clan des Lyonnais
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Et encore une notice !
Bien entendu Cino Del Duca ne fut pas le seul à essuyer les plâtres. Souvent cité comme principale victime de la loi de 1949 par son importance sur le plan publications, il éclipse de ce fait d’autres personnes sacrifiées aux intérêts d’autrui. Une des “autres” principales victimes fut le dessinateur (et éditeur) CHOTT (Pierre Mouchotte, 1911-1966). Chott avait débuté en 1941 dans Jumbo, se trouva une vocation de résistant (un vrai celui-là !) et se remit à la BD après sa démobilisation fin 1945. En 1946 il lance avec son comparse et scénariste Marcel Navarro, le personnage de Fantax dont la première aventure paraît dans Paris-Monde. Après quoi Chott va créer les Editions Mouchot à Lyon et son héros-fétiche va déferler sur un lectorat stupéfié ! Pas pour longtemps puisque le n° 39 de ce mensuel s’arrête en avril ’49, tantième victime des censeurs et éducateurs. Il convient à cet égard de ne pas perdre de vue que cette série (Mouchot en créa bien d’autres d’ailleurs) était par son caractère violent et particulièrement cruel une véritable aubaine pour les censeurs, incapables de concevoir ce qui était une évidence parfaite : Fantax s’adressait à un public adulte et non pas à un lectorat uniquemment jeune. Dans Fantax on se bagarrait ferme, on tuait, on torturait, on exécutait de page en page. Bref, on se trouvait en pleine littérature populaire genre Fantômas ou Harry Dickson. Les couvertures des fascicules édités par Chott ne laissaient planer aucun doute là-dessus ! Hélas, il aurait fallu peut être faire avec un peu plus de discernement une présentation plus distincte quant au lectorat visé, ce qui aurait peut être valu moins de déboires au pauvre Chott. Tout en regrettant bien sûr les sournoises attaques dont Chott - et son héros - furent les victimes il m’est impossible de ne pas fustiger à mon tour l’oeuvre de ce curieux dessinateur. Je l’ai déjà souligné dans Mensuels du Mystère et du Meurtre – Inventaire des magazines policiers en France (2005) puisque Fantax interdit à la vente, Chott se reconvertit un bref instant dans la presse policière en éditant l’éphémère Fantax Magazine (6 n°s) avant de se relancer dans la BD avec d’autres publications. J’ai en effet fait part de mon étonnement devant l’art (?) graphique de Chott car dans Fantax dont le personnage par sa raison sociale (il s’appelle en réalité Lord Neighbour) et son ambition de justicier n’est pas sans rappeler par son costume aussi bien Le Fantôme du Bengale que Batman (encore qu’il n’est pas certain que Chott ait connu ce personnage dans les années ’40). Enfin, par le dessin il est certain que Chott copie, plagie et décalque L’agent secret X-9, qu’il a dû lire (ainsi que le Fantôme du Bengale) dans Aventures (1936-41) et surtout dans Jumbo (1935-44) où il débuta en tant qu’auteur de BD ! Encore pire que Vandersteen obsédé par certains dessins de Foster et de Hogarth, Chott lui redessine X-9 de Raymond, le Mandrake de Phil Davis, le Tarzan de Hogarth, le Fantôme de Ray Moore, etc, etc. Une honte ! En fin de compte il est malaisé de juger Chott qui certainement avait du talent mais pas autant qu’on veut nous le faire croire et qui restera un “cas” dans l’histoire de la BD en France et dont le seul titre de gloire sera d’avoir osé proposer une BD adulte à une époque où cela ne se faisait pas encore ! Pour la réédition de Fantax s’adresser aux éditions Connaitre Chott, Nice ! |
| Editeur | Impéria, 8 rue de Brest, Lyon |
| Gérant | P. Tabey |
| Périodicité | mensuel puis bi-mensuel dès le n° 3 |
| Format | 27 sur 23,5 cm |
| Pages | 52 pages |
| Années | démarre la 1er février 1949, jusqu’en..? |
| Prix | 60 fr pour le n° 1 puis passe à 40 fr au n° 3 |
Un beau petit magazine axé uniquemment sur la BD du coeur, chaque numéro contient en tout et pour tout un récit d’amour dessiné mais scindé en deux ou trois parties, il faut donc attendre la suite “au prochain numéro”. En plus le dessin est de qualité ; BD italiennes certainement et belle mise en pages mais il faut aimer ce genre d’histoires.
Accroche Coeur dont j’ignore tout a dû se présenter comme un sérieux concurrent de Nous Deux, même s’il ne jouait que la carte de la BD. On aimerait en savoir plus sur cette publication….
| Editeur | Rien que toi, 10 rue Bellecordière, Lyon |
| Directeur de publication | Marcel Navarro |
| Périodicité | hebdomadaire |
| Format | 23 sur 31,5 cm |
| Pages | 22 pages |
| Années | 1947 (?) – 195.. ? |
| Prix | 25 fr |
Avec Marcel Navarro à la barre il ne pouvait être que question de BD. Le scénariste de Fantax de l’incomparable Chott, fondateur des éditions Aventures et Voyages, ensuite des Editions Lug, mais encore écrivain sous le pseudo de J. K. Melwyn-Nash, connaissaît le sujet sur le bout des doigts et s’occupa donc de remplir Rien que toi de BD dont certaines d’origine italiennes mais d’autres françaises indubitablement.
Les BD encadraient des nouvelles et des romans (dont ceux de Magali), en général deux BD à suivre et au milieu un récit complet, sous forme de confidence dessinée complète. Cette dernière est d’origine française mais assez malhabile, largement inspirée par les BD américaines et d’une érotisme de pacotille.
Bien meilleure est la BD Passage à la frontière (1951), un peu statique mais un beau dessin. Italienne ou Française ? Difficile à dire mais cela pourrait être du Marculeta.
Je dispose hélas de trop peu de numéros pour porter un meilleur jugement sur cette publication, un peu trop ignorée mais digne d’intérêt.
| Editeur | Editions des Remparts, 36 rue des Remparts-d’Albay, Lyon |
| Directeur de publication | R. Menager puis R. Viola |
| Périodicité | mensuel puis bimensuel |
| Format | 19 sur 21 cm |
| Pages | 36 pages (non numérotées) |
| Années | démarré en 1956 |
| Prix | 50 Frs puis 60 Frs |
Duo fut un des nombreux avatars des Editions des Remparts, lancé après le succès de Frisson.
Duo ne contenait qu’une histoire dessinée, une courte nouvelle sur les deux pages centrales et un article sur l’une ou l’autre vedette de cinéma en page deux. Il s’agissait principalement d’histoires dessinées sentimentales et à l’eau de rose. Nous ignorons tout des illustrateurs qui souvent copiaient le style des auteurs italiens de Nous Deux. Pas d’érotisme et peu de violence, pour autant qu’il en ait eu la volonté. Il y eut des adaptations de romans de Max-André Dazuerges, auteur Lyonnais de romans policiers e.a.
Peu intéressant mais je connais mal cet illustré, donc il peut y avoir de bonnes ou mauvaises surprises dans le lot…
(l'image de couverture provient du site PFA où on trouvera des informations complémentaires)
| Editeur | Editions des Remparts, 36 rue des Remparts-d’Albay, Lyon |
| Directeur de publication | R. Viola |
| Périodicité | mensuel |
| Format | 28 sur 21 cm |
| Pages | 66 pages (non numérotées) |
| Années | n° 1 au 4ème trimestre 1957 (10-1957) |
| Prix | 100 Frs |
Contient un récit dessiné et une nouvelle plus une page d’information sur le film ici adapté.
Nous ignorons combien de nos sont parus de OUI, mais ce mensuel est digne de notre attention, qui contient dans chaque numéro une BD adaptée d’un grand film populaire; le numéro 1 est une adaptation BD (que l’on me parle ici de “graphic novel!”) du film Notre Dame de Paris, le film avec Gina Lollobrigida et Anthony Quinn, adapté d’après Victor Hugo.
Le graphisme est excellent mais manque singulièrement de dynamisme. Le n° 2 est consacré à Anna Karina, même dessinateur. Serait-ce l’abominable tâcheron Pascal ? Si oui il s’est surpassé, le bougre. Sinon, c’est un Italien. (ils ont bon dos, héhé).
8 numéros sont parus.
(l'image de couverture provient du site PFA où on trouvera des informations complémentaires)
| Editeur | Editions de la Flamme d’Or, 19 rue d’Hauteville, Paris (1953-54) Editions des Remparts, 36 rue des Remparts-d’Albay, Lyon |
| Directeur de publication | R. Ménager R. Viola à partir de 1957-58 |
| Périodicité | probablement mensuel |
| Format | 28 sur 21 cm |
| Pages | 68 pages (non numérotées) |
| Années | Démarré sous le titre : Collection “Frissons” |
| Prix | 100 Frs |
Démarré en 1952 ou ’53 la collection Frissons est un des multiples
fleurons des Editions de la
Flamme d’Or, qui s’appelle également Editions d’Hauteville, éditeur
de Jean de la Hire,
mais également d’Amor Film, et plus tard Super Detective
et Super Western (voir Mensuels
du Meurtre et du Mystère, cité plus haut)
Frissons, première formule, présente un roman d’amour dessiné et rien d’autre, mais c’est copieux car il compte 68 pages.
Au début on trouve même des noms d’auteurs sur la page de titre : Alain Trobert, Christian Gérard… Cela ne révèle pas grand chose. Est-ce l’auteur d’un roman adapté ? Le scénariste ? Le dessinateur ?
Dans le n° 27 (2ième trim 1955), La péniche aux rêves, mentionne André Star comme auteur et le n° 28 (Coup de Foudre) indique “scénario et texte inédits Max-André Dazergues” (il s’agit ici du même auteur, Starr étant un des pseudos de Dazergues) et dessins d’Estève. Mais son dessin est moins bon que celui du desinateur du numéro précédent.
Le choix des sujets de chaque roman dessiné est disparate: il varie de l’histoire amoureuse contemporaine au sujet historique, avec p.e. une adaptation de Quo Vadis (1954), nettement inspirée par le film à succès de Mervyn LeRoy avec Robert Taylor, Peter Ustinov et Deborah Kerr, mais qui ne porte aucune mention de l’auteur initial (Henry Synkiewicz). Dessinateur probablement italien et un peu plus poussé sur le plan érotique..
Le n° 29 toujours écrit par Dazergues, L’amour fait peur, est dessiné par Groux D’autres titres s’inspirent plutôt du roman noir, fort en vogue à l’epoque: Je ne suis pas coupable (1953) ou Vertige amoureux (idem), deux exemples d’un graphisme honnête sans plus, mais que dire alors de 3 belles et un garçon (toujours en ’53) dont le dessin malhabile est encore enlaidi par la technique du lavis.
Même compte tenu de quelques numéros plus ou moins réussi, l’ensemble
n’est hélas guère
convaincant. Tant bien que mal quelques auteurs maison tentent
d’imiter le style italien que
l’on trouve dans Nous Deux. Même composition saccadée des
cases sur une planche, même
profusion de gros plan, dessins souvent maladroits, même technique
du lavis, peu d’action
et rien que d’insipides amours contrariées mais avec
l’immanquable happy end.
Aucun nom de dessinateur, seul les initiales sur la couverture A.G. et quelques fois la signature quasi illisible D’Amply (?) ou O. D’Omph (??) qui essaient de copier les couvertures superbes de Nous Deux et de Boléro. Une fois j’y ai repéré le nom de Salva en couverture.
Fin 1954 Frissons présente même occasionnellement “2 romans dessinés complets” mais étalés sur le même nombre de pages.
En 1955 le graphisme se stabilise. Les dessins sont plus soignés mais c’est le lavis qui joue des tours aux dessinateurs et qui écrase souvent le dessin plus qu’il ne le soutient.
Changement en 1956: Frissons passe entre les mains des Editions des Rempart. Le prix demeure inchangé mais une pastille annonce en bas de couverture : 1 roman dessiné complet et inédit.
On comprend mieux la présence antérieure de Max André Dazergues, déjà grand fournisseur chez les Editions des Rempart et autres à Lyon.
Le deux de couverture présente maintenant un acteur ou une actrice de cinéma et les pages centrales contiennent une courte nouvelle avec illustrations. Les romans dessinés eux sont toujours aussi mal dessinés (parfois c’est vraiment pénible).
Cela ne s’améliore pas en 1957. Frissons mentionne maintenant numérotation et périodicité en couverture. Le prix est inchangé et R. Viola devient le nouveau directeur, qui dirigera également Duo, lancé en 1957, selon une même formule mais comptant moins de pages.
Le format passera de 29/21 à 28/21 cm et en 1958 le prix grimpe à 120 fr.
Le bilan de cette série est, tout comme pour Duo, négatif sur toute la ligne: histoires insipides et peu inspirées. Soit, c’était destiné à un “certain” public féminin, mais cela n’excuse pas la mauvaise qualité des dessins où il y a bien peu à glaner.
De Frissons il y eut au moins 36 numéros, peut être bien davantage ?
Finalement on s’aperçoit que tous ces éditeurs copiaient Nous Deux de façon parfois fort malhabile et outrancière, le talent et les moyens en moins. Pour les bonnes BD il faut chercher dans Nous Deux, dans Rêves et dans A tout Coeur. Le reste c’est pour la poubelle !
(l'image de couverture du numéro 1 provient du site PFA où on trouvera des informations complémentaires)
| Editeur | Jacquier et Cie, 10 rue J. Récamier, Lyon |
| Directeur | J. Jacquier |
| Périodicité | mensuel (paraît le 1er de chaque mois) |
| Format | 27 sur 21 cm |
| Pages | 36 pages |
| Années | 1953-1955 ? |
| Prix | 65 Frs |
Durant l’ été 1953 Jacquier, éditeur de romans d’amour (Tourterelle) et polar (La Loupe, avec e.a. les romans de Frank Belinda et Cornel Milk, alias F. Dard), se lance dans le roman d’amour dessiné avec Chérir, qui se veut le “roman d’amour complet et illustré”. Le début est catastrophique, car le dessin est confié à l’Atelier Martin (d’un certain Y. Martin) et le résultat est vraiment dégeu à souhait. Heureusement à partir du n° 3 ou 4 un certain Manuel prend la relève. Celui-ci n’est pas spécialement un foudre de guerre mais son dessin est plus honnête (on le retrouvera d’ailleurs dans Kalum Magazine et dans Idylle, voir à ces titres), même s’il s’inspire un peu trop souvent des exemples italiens (il lisait probablement Nous Deux comme tout le monde…). Parfois il essaie de varier son stryle (travail d’atelier ou de studio ?) mais cela n’est guère séduisant .
C’est vraiment du travail pour midinettes en mal d’amour(eux).
En principe chaque numéro mentionne également l’auteur du roman dessiné même si cela ne nous apprend pas grand’chose : A. De Lagarde, Clarence May, Marie Reine Afghion, Francine Robert…
Je n’ai pas trouvé de n°s après 1955 mais à ce moment là Jacquier lancera une publication similaire sous le nom Idylle, vraisemblablement la suite de Chérir sous un format plus épais.
(l'image de couverture du numéro 1 provient du site PFA où on trouvera des informations complémentaires)
| Editeur | Jacquier et Cie, 10 rue J. Récamier, Lyon |
| Directeur | J. Jacquier |
| Périodicité | mensuel |
| Format | 27 sur 21 cm |
| Pages | 28 pages pour Kalum, 36 pour L’An 2000 |
| Années | 1953-54 |
| Prix | pour Kalum 50 frs ; pour L’an 2000 60 frs |
Kalum Magazine, roman d’espionnage dessiné est un rare exemple en France d’un magazine dédié à un seul héros titulaire (comme Fantax Magazine de Chott et Dazergues; mais là c’était des textes et non des BD), en l’occurence John Kalum, agent secret, dont les aventures furent écrites par Frank Peter Belinda qui enfila vingt ou trente romans de son héros. Un cas ce Belinda ! De son vrai nom Jacques Pierroux (1928-1981), ancien employé à la régie des télégraphes et téléphones, devenu crémier puis auteur à temps plein, il avait débuté chez Le Faucon Noir à Paris en 1952, pour passer un an après chez Jacquier, dans la collection La Loupe (1953-59). Il terminera sa carrière chez Marabout Junior (quelques titres avec G. Graindorge) et un récit historique assez nul, car repiqué de Fletcher Pratt et Georges Blond, sur la guerre du Pacifique.
Toujours est-il qu’il devint auteur-maison chez Jacquier, assez fou pour éditer des BD autour du héros de Belinda, le privé-policier-agent secret John Kalum.
Chaque numéro contenant une histoire complète en affreux lavis ; suivie de l’annonce d’un récit à paraître sur une page. Il y aura à ma connaissance 8 ou 10 numéros, qui paraîtront de fin 1953 à 1954; les couvertures étant de R. Rocca qui dessine également un nombre de récits en alternance avec le déjà nommé Manuel. Le graphisme est assez conventionnel, souvent statique, peu intéressant. La mise en page emprunte beaucoup à certains dessinateurs des romans de coeur dessinés, ce qui casse la monotonie. Pour certains récits le dessinateur abandonne le lavis et l’impression du noir sur blanc donne beaucoup mieux… Mais il n’y a là rien de bien spectaculaire ni d’audacieux, comme dans les grands romans noirs dessinés, bien que l’auteur, Belinda donc, essaie de copier le genre du “noir”, tant dans ses romans que dans ses scénarii. A voir les dates il est plus que probable que Belinda et/ou Jacquier ont encore ou déjà voulu sauter sur le train en marche.
(l'image de couverture provient du site PFA où on trouvera des informations complémentaires)
Même constatation d’ailleurs pour la série soeur L’An 2000 magazine d’anticipation, né avant Kalum Magazine, même présentation mais sur 36 pages, aux scénaristes divers (Gil Roc, Belinda), dessiné par Yves Mondet où le lavis écrase encore une fois le graphisme déjà assez pauvre. Là encore c’est un coup manqué. Je ne crois pas qu’il y eut plus de 8 à 10 numéros et quelques reliures par 4 numéros, tout comme pour Kalum Magazine.
Imperturbable et inlassable Jacquier repasse maintenant dans la presse du coeur, pour lancer une revue soeur à Chérir avec Idylle.
(les images de couverture provient du site Encyclo'BD où on trouvera des informations complémentaires)
| Editeur | Jacquier et Cie, 10 rue J. Récamier, Lyon |
| Directeur | J. Jacquier |
| Périodicité | mensuel (paraît le 1er de chaque mois) |
| Format | 26 sur 21 cm |
| Pages | 52 pages |
| Années | à partir de 1956 |
| Prix | 70 frs |
En novembre 1956 paraît le n° 1 de Idylle qui se présente comme “le magazine des reflets de coeur” (pas moins!) . Jacquier avait à l’époque déjà quelques tentatives de publications BD à son actif, mais aucune ne fut durable ni satisfaisante. Idylle donne encore une fois cette impression de vouloir prendre le train en marche. De format réduit, par rapport à Nous Deux ou Confidence, Idylle offrait quand même 52 pages, dont outre nouvelles, feuilletons et rubrique éparses, des bandes dessinées bien entendu. Cela commence page 3 avec Bel amour des îles, sur texte de Saint-Bert, illustré par Manuel. Planches à cases désordonnées, dessin peu convaincant, style relâché. L’histoire mièvre à souhait, malgré quelques efforts d’action, compte 29 planches, suivie par une nouvelle de Saint-Bert (4 pages), d’une BD à suivre Idylle Entr’acte présente Mary-Chou ou la vie d’une starlette (texte de Saint-Bert encore !) au style schematisé, sur deux pages, et qu’on aurait aimé un peu plus dynamique mais qui s’en sort bien, comparée aux mièvreries de Manuel (indiqué comme dessinateur-maison) et autres dessinateurs “réalistes”. Le dessin de cette série comico-héroïque est de Louky. Suit encore un article sur Georges Guétary par Léopold Massièra (grand fournisseur de contes brefs un peu partout), encore un article de cinéma et une deuxième histoire complète dessinée Amours du temps perdu / Anne de Boleyn/ Reine d’Angleterre. Là c’est hideux, beaucoup trop sombre et avec six ou sept cases par planche avec sous textes, mon dieu ! Pour terminer suit encore un récit de trois pages.
Bon, les 52 pages dessinées annoncées se limitent ici à 38 pages, mais soit. Il faut en tout cas beaucoup de bonne volonté pour trouver cela une lecture agréable, surtout que le côté sexy n’est guère prononcé. Que tout cela est décevant chez cet éditeur ! Idylle est surtout, semble-t-il, un des véhicules de Saint-Bert, qui répand ici avec faconde mais peu de talent scenarii, nouvelles, feuilletons, sous son nom ou le pseudo de Esbé.
Il en fera d’autres, chez le même éditeur.
Cette formule restera inchangée : deux recits dessinés écrits par Saint-Bert, mollement illustré par Manuel, jusqu’en 1958 ou même au-delà, si cette revue à continué, mais moi j’avais abandonné depuis longtemps.
Il y eut au moins 20 numéros (jusqu’en 1958) que l’on retrouve parfois en reliure par 4 n°s.
(l'image de couverture provient du site
PFA où on trouvera des informations complémentaires)
On trouve également des informations sur cette revue sur
Encyclo'BD.
Prochain chapitre : L'avis sexuel des Belges
Première publication de ce texte : "Detective Story - Cahier BD III", éditions Kosmopolis/VPOB, 2013.