Les chroniques de François Rahier

Acquaviva
Ces articles ont été publiés dans Hop ! numéro 113 en mars 2007.
couverture de Hop ! 113

Invité : Acquaviva par Louis Cance

Jean Acquaviva, alias Jean-Simon Rutalais, alias Pierre Mérou, alias Saint-Alban, de son vrai nom Antoine GRAZIANI, fait partie de ces auteurs dont la carrière, bien que prolifique, reste en grande partie méconnue. Il y a plusieurs raisons à cela, tout d'abord les différents pseudonymes utilisés par A. Graziani qui n'ont pas permis de savoir qu'ils étaient du même auteur, ensuite l'absence de signatures sur certaines BD et surtout ses vingt ans de travaux, pour les titres des éditions Aventures & Voyages, restés totalement anonymes. Pourtant, il a su traduire, adapter et remodeler une multitude de récits et les rendre intéressants, voire passionnants.

Sa période la plus connue est celle passée au journal catholique BAYARD où il fut un véritable homme-orchestre, signant des textes, scénarios, adaptations, rubriques (dont une longue série sur le cinéma), aidant à l'occasion Jean Quimper (le père Marie-Paul/André Sève, rédacteur en chef du journal) à sortir les personnages de sa série "Thierry de Royaumont" des pièges dans lesquels il les avait précipités. C'est aussi dans BAYARD qu'il a créé ses séries les plus connues. Après une reprise de "Hiawatha" et une "Course à l'uranium" avec Alain d'Orange, il imagine "Bill Jourdan", un western illustré par Loÿs Pétillot, puis "Tony Sextant", un récit d'anticipation dessiné par Julio Ribera. Toujours avec ce dernier, il signe les aventures drôlatiques d'un petit léopard "Lolo" et, à nouveau avec Pétillot, il lance le couple "Pascal et Michèle Monfort" dans de passionnantes enquêtes.

Certains lecteurs de SPIROU se rappellerons peut-être un scénario de "Jerry Spring" signé Acquaviva mais peu de téléspectateurs auront remarqué son nom au générique de nombreuses émissions qui, dans les années 50-60 avaient un énorme succès, comme "L'Homme du XX' siècle".

Depuis quelques années, le nom d'Acquaviva est de retour car les éditions du TRIOMPHE ont entrepris la réédition en albums de quelques grands classiques du journal BAYARD. C'est ainsi que concernant Acquaviva, outre "Ivan des Valdaï", les aventures de "Bill Jourdan" seront désormais disponibles en intégralité, le dernier épisode étant prévu pour paraître à la rentrée de septembre (2007).

Aujourd'hui à la retraite en Corse, pays d'origine de sa famille, Antoine Graziani a gardé toute sa verve et évoque ses souvenirs avec plaisir. Gràce à François-Xavier Rahier qui s'est longuement éntretenu avec lui, vous découvrirez le parcours d'un auteur sympathique qui mérite amplement, par sa contribution à la BD, de figurer dans les ouvrages consacrés au 9ème Art. <> Louis Cance

Lolo et Mandolino

ENTRETIEN AVEC ANTOINE GRAZIANI

HOP ! : - Quelques mots pour commencer sur votre enfance et votre adolescence, et la manière dont vous avez découvert la BD avant guerre...

Jean ACQUAVIVA : - Je suis né le 24 juin 1924 à La Londe-les-Maures, dans le Var (prés de Bormes-les-Mimosas), et j'ai passé toute mon enfance à Pierrefeu-du-Var. J'étais un élève turbulent, aussi l'instituteur en bon pédagogue n'hésita pas à me confier rapidement des responsabilités, qui m'amèneront entre autre à devenir le bibliothécaire de l'école et accessoirement, de la petite commune. Mon père, était garde forestier (depuis 5 générations nous étions gardes forestiers de père en fils dans la famille, et j'ai moi-même passé le concours, à 16 ans, j'aurais pu être le 6ème) D'origine corse, il avait passé 20 ans en Algérie, maîtrisait bien l'arabe, et parlait plusieurs autres langues (le berbère, l'espagnol, etc.) ; il m apprit l'arabe et l'italien tout particulièrement, grâce au corse (je passais chaque année deux à trois mois de vacances en Corse, et mes parents ne parlaient que corse entre eux). À quatre ans, je lisais couramment, et c'est en italien que j'ai dévoré V. Hugo, "L'uomo chi ride" ("L'homme qui rit"), et "I promessi sposi" ("Les fiancés") de Manzoni, deux livres laissés à la maison par un cousin germain, futur saint-cyrien, le fameux capitaine Mattei qui est devenu le héros de "Par le sang versé" de Bonnecarrère. J'avais 12 ans quand mes parents déménagent à Aix-en-Provence ; études secondaires désastreuses, mais je passe le plus gros de mon temps à la bibliothèque, et c'est ainsi que je me forge une solide culture littéraire, et aussi générale. Je lis surtout des classiques.

- Pas de bandes dessinées ?

- Oh peu de choses hormis "Prince Vaillant" de Foster, devant lequel je suis tombé en admiration à cause de sa beauté formelle, et aussi des RC de 4 pages avec texte sous images, prix 20 c, et surtout les romans populaires d'Emilio Salgari, publiés en France par Tallandier, un auteur italien dont on disait qu'il était le Jules Verne du pauvre. Je garde un bon souvenir encore des "Aventures d'un poilu de 12 ans" d'Anould Galopin, que je lisais dans LE BON POINT AMUSANT.

- Vient la guerre, vous avez quinze ans...

- Au début, très vite, je résiste, inscrivant sur les murs dès la nuit du 18 juin 1940 « Vive de Gaule » (sic) et la Croix de Lorraine. J'avais fait partie, avec ma mère, des rares personnes à avoir entendu ce jour-là à la radio le fameux appel. En lisant un mince compte-rendu le lendemain matin dans LE PETIT MARSEILLAIS je me suis aperçu de ma faute d'orthographe et je suis reparti la nuit suivante corriger mes graffiti. Ensuite, pendant deux ans, j'ai assuré une liaison Aix-Marseille avec des tracts de la Résistance.

Puis je suis passé de l'autre bord, à 18 ans, au moment de Stalingrad. J'étais fasciné par la personnalité de Marcel Bucard, l'officier français le plus décoré de la guerre de 1914-1918 (nommé capitaine à 23 ans, on l'appelait "l'as de l'infanterie"), et je suis entré dans la mouvance du parti franciste. Chef du bureau de presse des Jeunesses francistes, j'ai appris le métier sur le tas, puis je suis devenu responsable de la page du "Front de la jeunesse". C'est ainsi qu'à la Libération j'ai été arrêté. J'ai été interné à Clairvaux 7 à 8 mois, puis 3 ans au camp du Struthof en Alsace. Je m'étais évadé immédiatement du Bureau de la Sécurité Militaire où j'avais d'abord été incarcéré, puis j'avais été repris une semaine plus tard. On m'a alors interné au camp du Vigean, près de Poitiers, d'où je me suis échappé encore une fois à la faveur d'une pseudo crise d'appendicite pour laquelle on m'a néanmoins opéré : avec un ami venu m'attendre je me suis enfui à moto, et je suis vite passé pour mort vu le.piteux état de santé dans lequel je me trouvais. Je suis alors rentré dans la clandestinité.

Acquaviva est condamné à mort avec sans doute les autres jeunes membres du parti ayant refusé de charger Bucard, qui sera quant à lui fusillé après la Libération, le 19 mars 1946 (note de F.R.).

Banda Tanga

Trahison ! - J'ai été gracié au bout de 90 jours, puis, à l'occasion d'une nouvelle grâce, j'ai vu ma peine commuée en 20 ans de réclusion criminelle.

- C'est à ce moment que vous allez débuter dans la BD ; dans quelles circonstances ?

- Recueilli par des amis avec ma compagne Simone, psychotechnicienne qui allait devenir ma femme, je suis au début quelque peu SDF. Logé à Montmartre, rue des Trois-frères, je fais des petits travaux et je travaille comme dessinateur dans une imprimerie. C'est là que je commence à avoir toujours deux ou trois fers sur le feu. Un jour un dessinateur très connu à l'époque (J. Acquaviva ne se rappelle plus son nom, peut-être Joubert ?), qui s'était engagé à réaliser une exposition pour la Direction générale de la Jeunesse et des sports, fait état de ses difficultés pour en venir à bout. On m'en parle et je propose mes services ; comme ils sont bien embêtés, ils me confient la tâche et je mène à bonne fin à moi tout seul l'expo photos. C'est ainsi que je devins très officiellement décorateur à la Jeunesse et aux sports, où je devais rester de 1952 à 1958-1959 environ. Pendant tout ce temps je reste porteur de faux papiers au nom de ... Jean Acquaviva ! Le nom était déjà dans la famille. C'est là l'origine de mon premier pseudonyme. J'en aurai jusqu'à trois, et trois permis de conduire, jusqu'à ce que vienne l'amnistie de 1955 et qu'il me faille régulariser tout ça. Une de mes premières réalisations signées "Acquaviva", c'est la carte du Brevet Sportif Populaire et son timbre. C'est à cette occasion que je fais la rencontre de Pierre Tchernia et que je commence à dessiner pour la TV. Entre temps j'épousai Simone, ma compagne de ces années déroutantes, qui me donnera cinq enfants. De plus en plus bas !

Mes vrais débuts dans la BD se situent au même moment. Il s'agit de peu de choses, des "macarons" - des petits dessins accompagnés de textes au fil des pages - pour L'ALMANACH DU PÈLERIN 1950. C'est un dessinateur polonais qui m'avait mis en contact avec La Bonne presse. Là, je rencontre le Père Jointer ; comme ils publiaient à l'époque des petits romans en fascicules (souvent des sortes d'"Harlequin" catho), je dis que je peux aussi en écrire et je propose un polar, ce sera "Ce brave M. Panette", qui sort peu après à la Bonne Presse sous le nom de Jean Simon (pseudonyme venant de Simone, le prénom de ma femme).

- Pouvez-vous nous parler de votre entrée à BAYARD ?

- Le Père Jointer était un ami du Père Guichardan, le directeur du PELERIN ; l'un et l'autre m'orientent vers BAYARD, où je rentre en 1952 ou en 1953. J'y fais la connaissance du Père Marie-Paul (André Sève, alias le Chevalier noir" ou "Jean Quimper"), assomptionniste comme Jointer. C'est un gagne pain comme un autre, au début, pour moi, je n'imagine pas l'importance que va prendre ce nouveau travail, pas plus que je n'imaginais à l'époque l'importance que prendrait le groupe Bayard dans la presse française d'aujourd'hui... J'écris d'abord des contes inspirés par ma jeunesse dans le Var, des histoires de bandes d'enfants qui ressemblent à "La guerre des boutons", puis beaucoup de rédactionnel, reprenant à Couttaz, secrétaire de rédaction qui quitte le journal, le pseudonyme de Saint-Alban, que je vais spécialiser dans le cinéma, des récits de films tout d'abord, avant de consacrer une longue série à l'histoire du cinéma. Le départ de Couttaz, qui faisait l'essentiel dans BAYARD, laissa le Père Marie-Paul quelque peu au dépourvu ; alors, très vite, je le remplaçais, me chargeant de beaucoup de rédactionnel, d'adaptations (de bandes dessinées, de romans et de films), enfin de scénarios originaux. Hiawatha

- Quels ont été plus précisément vos différents rôles à BAYARD ? Dessiniez-vous quelquefois ?

- Dessinateur à BAYARD, très peu souvent, j'ai donné quelques illustrations, pour deux séries documentaires surtout, "L'Histoire de la plongée sous-marine", puis "L'histoire des indiens" (Deux séries qui changeaient de titre chaque semaine - note de F.R.) J'étais essentiellement rédacteur, et scénariste. Accessoirement, scénariste aussi du Père Marie-Paul à qui il est arrivé de me réveiller plusieurs fois en pleine nuit pour que je l'aide à tirer Thierry de Royaumont et ses amis des embûches qu'il leur avait dressées, des pièges souterrains en particulier. Sans doute le faisait-il parce qu'il pensait que j'avais une solide expérience en matière d'évasions ! Mais rien qui corresponde au rôle d'un rédacteur en chef adjoint. J'étais un simple "pigiste", qui avait l'oreille du rédacteur en chef quand même... On se voyait régulièrement, on n'étâit pas toujours d'accord sur tout, loin de là, je me souviens d'une engueulade homérique, en pleine forêt, il se posait souvent en conseiller des familles, mais quelle expérience pouvait-il avoir de ces choses lui qui était célibataire ? C'était le drame de sa vie de ne pas avoir eu d'enfants, mais c'était son choix aussi. Chacun travaillait surtout chez soi, le bureau du Pére Marie-Paul était très grand, mais il n'aimait pas beaucoup y recevoir du monde en même temps. Il y avait des parloirs où on se rencontrait...

Procopio - Vous continuiez à utiliser différents pseudos ; combien y en eut-il ? Y avait-il une spécialisation de ces pseudos ?

- En plus de Saint-Alban, pseudonyme que je n'utilisais plus, progressivement, que pour le cinéma, il y eut trois autre pseudos à BAYARD, peu ou prou spécialisés effectivement: Pierre Mérou (utilisé d'abord pour des documentaires, histoires de plongées sous-marines, ça va de soi, histoires d'indiens, puis pour des adaptations italiennes et "Les 7 samouraï") ; Jean-Simon Rutalais (de mon premier pseudonyme, Jean Simon, et du village de Rutali, en Corse, d'où était originaire ma mère), que j'utilisais pour les contes et récits, et conservais pour mes adaptations, italiennes en particulier ; enfin, Jean Acquaviva, pour mes scénarios originaux et aussi du rédactionnel ("L'Histoire de la poste" par exemple). Mais le père Marie-Paul "distribuait" aussi ces pseudonymes à sa convenance, en fonction des sujets que je lui envoyais.

- Venons-en maintenant à votre rôle dans BAYARD comme scénariste de BD et passeur de textes. Pour BAYARD vous avez d'abord "adapté" des BD italiennes. sous les pseudos de Jean-Simon Rutalais ou Pierre Mérou ; Il y a celles gui venaient de IL PIONIERE, journal des ieunesses communistes italiennes (Les 4 séries de Bragaglia et Onesti, "Hiawatha", "Goéland rouge", "Kon-Tiki" et "La Clé d'Antar"). Comment étiez-vous rentré en contact avec les auteurs ?

- Un jour, Paolo Bragaglia et Claudio Onesti sont venus proposer quatre histoires à BAYARD, dont ils auraient cédé les droits pour 1,5 million de francs de l'époque (l'ancien franc d'avant 1958 - un ordre d'idées, les premières 2CV Citroën coûtaient à ce moment là 250 à 300 000 francs) ; ces histoires étaient parues dans IL PIONIERE ; les deux compères semblant avoir retiré leurs billes d'un éditeur qui ne les payait plus. Ils n'en revenaient pas de repartir avec une telle somme. L'entretien s'est surtout déroulé avec le père Sève, au parloir, comme souvent. Je n'ai pas vraiment eu de contact avec eux.

Landolfi - Il y eut ensuite des histoires reprises de IL VITTORIOSO périodique catholique italien. Connaissiez-vous particulièrement Lino Landolfi, Gianni De Luca, Kurt Caesar ou Atamante dont vous avez aussi adapté des histoires ?

- Pas de contact non plus. Je travaillais sur les originaux italiens, les fascicules, les planches quelquefois, chez moi, nous travaillions tous à la maison comme je l'ai déjà dit. Je rencontrais rarement les dessinateurs à cette époque. J'avais cependant beaucoup d'estime pour Lino Landolfi.

- Dont le personnaqe de "Procopio" a peut-être influencé Uderzo et Goscinny pour "Astérix" ?

- Peut-être, effectivement. Et plus tard, à l'époque d'Aventures et Voyages, j'ai rencontré deux fois chez lui, à Milan, le dessinateur et éditeur Sergio Bonelli.

- Comment « adaptiez-vous », quels étaient vos critères ?

- J'ai toujours eu une profonde peur de ce que l'on peut raconter aux enfants, alors j'écrivais, je récrivais, dans l'esprit de mes « Bayards ». Ce sont toujours des adaptations, davantage que des traductions. Beaucoup de choses étaient récrites et presque tout était remonté, recadré, avec des textes souvent totalement changés (en fonction de la documentation que je voulais très précise) et des histoires quelquefois transformées, comme cette BD venue du PIONIERE encore, et qui évoquait la guerre d'Algérie d'un point de vue favorable au F.L.N. ; nous étions en plein dedans, Marie-Paul, qui lisait l'italien, m'a dit en découvrant les originaux : « -Nous ne pouvons pas publier ça ! ». Alors, j'ai tout réécrit, situant l'histoire ailleurs, etc. On ne roulait pas le père Marie-Paul et c'était un exemple d'intégrité et d'honnêteté intellectuelle ; j'ai travaillé 10 ans avec lui, et je comprenais et respectais son souci.

Histoire que nous n'avons encore pu identifier, est-elle vraiment parue dans BAYARD ou dans un des nombreux fascicules chez Aventures et voyages ? « - En tout cas, elle m'a été payée, dit Acquaviva. Sans doute alors qu'ils l'ont publiée » (note de F.R.)

- L'exemple le plus intéressant pour moi est celui de "A l'assaut du K2" de Gianni De Luca, paru en Italie accompagné de longs textes sous image, et vraisemblablement en noir et blanc, cela manquait d'images, et c'est Loys Pétillot (qui n'a pas été crédité pour cette bande) qui faisait les raccords, dessinant avec beaucoup de talent les vignettes complémentaires (Comme il l'a fait pour "Histoire sainte" et "Tensing, le roi des tigres" deux séries illustrées par De Luca et publiées dans BAYARD 2ème série). C'était une véritable recréation. Dès cette époque je travaillais avec un lettreur d'origine espagnole, Ferrer, qui ne connaissait pas le français au début, et qui m'a longtemps assisté. C'est grâce à lui, plus tard, que j'ai rencontré Mme Ratier...

- La rédaction de BAYARD était-elle au courant que certaines bandes provenaient de IL PIONIERE ?

- Oui, le Père Sève, qui avait reçu Bragaglia et Onesti et leur avait acheté leurs droits, savait qu'ils travaillaient en Italie pour un journal communiste. Mais, vous savez, ils n'étaient pas plus communistes que moi.

Nouvelle formule de Bayard

- Vous avez aussi adapté au moins un film ("Les 7 samouraï" de Kurosawa, avec P. Forget) et un roman ("Yvan des Valdaï" de R. Hédouin, avec L. Pétillot) ; y en a-t-il eu d'autres ?

- Non. L'adaptation de Kurosawa a été faite avec les moyens de fortune de l'époque, nous avions vu le film plusieurs fois chacun de notre côté, Pierre Forget et moi, un carnet de croquis pour l'un, un carnet de notes sur les genoux pour l'autre (je me souviens m'être fait confectionner un petit sous-main en bois par un menuisier à cette occasion). Nous disposions de très peu de photos, à l'époque les services de presse des films n'en distribuaient pas beaucoup. Pour mieux m'immerger dans mon sujet, m'imprégner de la culture dans laquelle Kurosawa avait créé les images que je m'apprêtais, moi, à disposer sur le papier avec Forget, à ce moment là, j'ai même acheté une grammaire japonaise.

- Avez-vous rencontré Kurosawa ?

- Non, je n'ai jamais rencontré Kurosawa, mais je sais qu'il a eu la BD entre les mains, et il semble avoir été très intéressé par la transposition. J'avais pourtant opéré certains changements, à la fois dans l'optique de la bande dessinée, et celle de la Bonne Presse (atténuant violence et sexualité). Si je suis très satisfait de la réédition des Éditions du Triomphe, dont je trouve la remise en couleurs vraiment époustouflante cela n'a pas été le cas de Forget qui n'a pas apprécié la couverture, apparemment "adaptée" de l'un de ses dessins (contours dessinés en noir et couleurs changées).

Les 7 samouraï

- Pas d'autres adaptations de film ?

- Non. Mais il y avait les films racontés par Saint-Alban, "L'histoire du cinéma"... Pour ces films racontés, je disposais parfois des scripts de doublage des VO.

- Une histoire du cinéma qu'a lue Bertrand Tavernier ?

- Je ne sais pas, peut-être. Il a dit un jour à la TV qu'il avait découvert le cinéma, soviétique, japonais, en particulier, en lisant BAYARD, tout gosse. Mais je ne l'ai jamais rencontré. En revanche, pour BAYARD, j'ai rencontré Cecil B. De Mille, et j'ai même été photographié en sa compagnie ! Mais ce n'était pas un exploit, nous étions plusieurs dizaines de journalistes. C'était à l'occasion de la sortie des "Dix commandements", le récit que j'en avais tiré avait été publié sur dix numéros...

- Et les adaptations de romans ?

- Il n'y a pas eu d'autre roman adapté, "Yvan des Valdaï" a été le seul. J'avais récrit l'histoire à près de 80 % ; le roman de R. Hédouin était médiocre, basé sur une connaissance approximative des faits qu'il relatait. Le traitement historique des « besprizorny » (En Russie, nom donné aux enfants des rues après la révolution d'octobre (note de F.R.)) m'appartient en propre, même si pour les mêmes raisons que plus haut j'ai dû sérieusement édulcorer une réalité souvent très dure (les massacres d'enfants à la mitrailleuse par exemple).

Lolo et Mandolino - Toutes vos créations sont signées Jean Acquaviva ("Uranium" et "Hiawatha II" avec Alain d'Orange, "Bill Jourdan" et "Pascal Monfort" avec Loys Pétillot, enfin "Tony Sextant" avec Julio Ribera). Pouvez-vous nous parler de ces différentes séries ?

- Il y a eu un autre "Hiawatha", toujours avec d'Orange, pour l'Almanach BAYARD 1954. Et j'ai signé Pierre Mérou pour "Lolo et Mandoline" (avec Julio Ribera).

- De quelle façon travailliez-vous avec ces dessinateurs ? Qui avait l'idée de départ ? Y avait-il une commande de BAYARD ?

- Comme je le disais précédemment, chacun travaillait surtout chez soi. Mais je rencontrai quelquefois les dessinateurs qui planchaient sur mes scénarios: Alain d'Orange, par exemple, mais j'étais surtout en relation avec sa femme ; Loys Pétillot, bien sûr, nous nous voyions très souvent ; Forget (que je n'ai peut-être pas vu dix fois en dix ans), Ribera aussi...

Ce n'est qu'avec RECORD que j'ai eu l'expérience de grandes réunions de dessinateurs, tout ce qui comptait ou allait compter à l'époque, Gotlib, Goscinny, Tabary, etc. Mais ça n'a pas duré. Au début, c'était vraiment un travail artisanal. Pour "La Course à l'Uranium", par exemple, que j'ai réalisé avec Alain d'Orange, et qui se déroulait en Centrafrique, une zone ou il y avait beaucoup de "blanc" sur ma carte, j'ai dû forger ma propre documentation. Les "blancs" m'ont toujours fasciné, en géographie comme en histoire : je pouvais raconter ce que je voulais ; c'est dans la période de "blanc historique" qui a suivi le règne de Séjean que j'ai situé l'action de "Fanina", roman co-signé avec Pierre Sabbagh en 1965. Pour en revenir à "La course à l'uranium", le père Marie-Paul m'a aidé, en organisant une réunion à laquelle participèrent force missionnaires, les seuls à avoir une réelle expérience du terrain, et dont j'ai, à l'occasion, découvert le travail formidable qu'ils réalisaient là-bas. Avec d'Orange, j'ai fait aussi "Hiawatha II" ; il fallait un peu d'inconscience pour donner à un personnage un nom aussi lourd à porter, qui avait été celui d'un héros légendaire des Indiens des plaines ! Comme il fallait quelque maladresse pour affubler mon héros, Bill Jourdan, d'un prénom aussi commun dans l'Ouest de l'époque, un prénom qui plus est que devait porter un autre des protagonistes dans "Tombstone". Pourtant la préparation de "Bill Jourdan", un western original imaginé à partir d'une demande du Père Marie-Paul, a fait l'objet d'un travail extrême¬ment approfondi de ma part et de celle de Loys. Un travail que j'ai évoqué dans un article assez long publié dans Bayard à l'époque.

Le semi-remorque

"Pip explique comment Jean et Loys ont fait Le carnet noir" in BAYARD 2° série, du 9 septembre 1956 (article rédigé par Jean Acquaviva). (Note de F. R.).

Bill Jourdan - Et qui vous a permis de rencontrer Jijé, nous en reparlerons. Un bon souvenir, "Bill Jourdan" ?

- Oui. C'est un peu mon "Blueberry", je pense qu'il a influencé Giraud. Il y a d'ailleurs un dictionnaire de la BD (Dictionnaire des héros et auteurs de BD par H. Filippini, Hachette 1991] qui a eu des mots flatteurs pour "Bill Jourdan"...

- Dans le n° 200 de BAYARD, il y a votre photo avec Pierre Forget, et la rédaction annonce que c'est lui gui va dessiner votre prochaine série "Pascal Monfort". Finalement, ça a été Loÿs ?

- Je ne me souviens pas qu'on ait parlé de Forget. Quand j'ai projeté la série, j'ai demandé au Père Marie-Paul de me trouver quelqu'un qui sache dessiner des personnages à la mode, comme Alex Raymond dans "Rip Kirby". Marie-Paul m'a dit: « - Pétillot peut tout faire ». Et effectivement, dans "Pascal Monfort" son style s'est encore amélioré, son trait s'est fluidifié. C'était vraiment très bon, et plus adulte. Trop, peut-être... Certains ont demandé de retoucher la poitrine de Michèle Monfort ou de rallonger ses jupes. Il faut dire qu'à BAYARD, pendant très longtemps on ne savait pas au juste à quel lecteur on s'adressait, entre 7 et 17 ans, ce qui expliquait "Loto et Mandoline", par exemple. Avec "Pascal Monfort" on visait un lectorat plus mûr. Je ne dis pas que Forget n'aurait pas réussi, mais il avait d'autres engagements à ce moment là. Il était également plus à l'aise dans le médiéval un peu fantastique, comme "Thierry de Royaumont" ; son trait était baroque, pas réaliste vraiment. Sans doute était-il plus illustrateur que dessinateur, comme son maitre Joubert.

- Comment êtes-vous venu à la science-fiction ?

- Je n'ai jamais été attiré par le fantastique ou les histoires de super-héros. Je refuserai plus tard, quand je travaillerai pour Aventures et Voyages, d'adapter "Spiderman". Mais "Tony Sextant", c'était autre chose ! La vulgarisation scientifique me passionne, et mon travail à BAYARD a souvent été celui d'un documentariste (La plongée sous-marine, L'histoire de la poste, L'histoire du cinéma, j'ai de la documentation pratiquement sur tout, et une bibliothèque de près de 15.000 volumes !). L'anticipation scientifique, c'est un genre que je prends très au sérieux. J'ai énormément travaillé la documentation scientifique de "Tony Sextant", et la rédaction était époustouflée de la concomitance des planches avec le lancement du Spoutnik au début du mois d'octobre 1957.

Tony Sextant

"Spoutnik" est mis en orbite le 4 octobre 1957 ; le même jour, la une de BAYARD n° 67 (2° série) datée du 6 octobre, est consacrée au satellite artificiel "Séléné-1", qui vient d'être terminé... "Le 24 juin 1999" ! [planche 12 de "Tony Sextant" de Acquaviva et Ribera] (note de F.R.).

- Quelques mots. pour en finir avec ce chapitre, sur l'interruption (brutale) et l'expérience RECORD (périodique auquel vous avez spécialement collaboré). Cela avait-il un lien avec les débats au sein de l'église catholique à l'époque aprés le Concile Vatican II ?

- Pas que je sache. J'ai aussi collaboré à l'époque avec RALLYE JEUNESSE, un journal pour les plus grands qui sortait à ce moment-là, édité par la Bonne Presse, avec quelques rares bandes dessinées.

- Vous souvenez vous en particulier de discussions au comité de rédaction de BAYARD au sujet des changements de formule, puis de l'abandon du concept de BAYARD ?

- Progressivement. un comité de rédaction s'est peu ou prou institutionnalisé, un comité de « pros », ou prétendus tels, avec qui j'ai fini par ne plus m'entendre du tout, des gestionnaires qui n'y connaissaient rien, qui s'étaient même mis en tête de faire des "Pascal et Michèle Monfort" à ma place et sans m'en parler, comme si les personnages leur appartenaient. Le père Marie-Paul, entre temps, avait été remplacé par le père Potin, qui a lui-même été remplacé, etc. Il y a eu aussi l'association avec Dargaud sur RECORD qui a entraîné le blocage de la diffusion de mes séries.

C'est vers 1964 que, sans préavis, ma série "Pascal Monfort" est brutalement arrêtée dans RECORD, au milieu d'un épisode, la même chose était arrivée un peu auparavant pour un "Bill Jourdan" avec la fin de la 3° série de BAYARD. Ma situation de quasi "pigiste" à BAYARD avait toujours été un peu précaire. Et j'avais failli les quitter plusieurs fois à cause de difficultés financières ; puis j'avais obtenu, un temps, une augmentation substantielle qui m'a permis de vivre convenablement avec Simone et nos 5 enfants.

Je gardais constamment un fer au feu, j'ai toujours trois des quatre membres au travail et le quatrième furetant pour trouver quelque chose.

J'étais revenu à la TV en 1957, où j'ai longtemps collaboré avec Pierre Sabbagh - nous avions même écrit un roman à deux, "Fanina", une histoire romaine parue en 1965 aux Éditions de Trévise -, pour "L'homme du 20° siècle", dont je rédigeais les questions et aussi beaucoup de textes, et aussi "Manège", "Gros lot", etc. Ça a été l'occasion de rencontres mémorables, Catherine Langeais, Raymond Oliver, et aussi ces chansonniers célèbres pour lesquels j'écrivais des textes qu'ils interprétaient aussitôt à l'antenne: Raymond Souplex, Jacques Grello et Robert Rocca, Paul Préboist qui devint un ami, etc...

J. Acquaviva a vraisemblablement rédigé l'intégralité des deux tomes de "Fanina" sur une idée de Sabbagh: «- Si on faisait un roman sur une vestale ? » La vestale est d'origine étrusque, et la civilisation étrusque l'a toujours passionné (cf. les adaptations de "La clé d'Antar" et de "Velthur le pacifique"). Deux volumes, intitulés "Fanina" et "Fanina face à son destin" par Pierre Sabbagh et Antoine Graziani, sont parus aux Editions de Trévise, 1965. L'ouvrage a fait l'objet de 25 traductions en langues étrangères et est paru en feuilleton dans la presse grecque et italienne. Le latiniste Pierre Grimai le conseillait à ses étudiants pour l'étude de la vie quotidienne à Rome.

Il y a eu aussi "TV Bled", une expérience sans lendemain destinée au contingent d'Algérie; ça a été pour Acquaviva l'occasion d'un séjour d'une semaine à Alger, dans les derniers mois de la guerre (note de F. R.).

- Comment écriviez-vous ?

- J'ai toujours eu l'habitude d'un travail régulier : le matin, j'écrivais ; puis je faisais deux heures de promenade avec mon chien, un boxer, pendant lesquelles j'emportais toujours avec moi une petite pochette de cuir contenant du papier et de quoi écrire. Et je revenais chaque fois de ma promenade avec un sujet...

Henri Dunant
Les 3 barbus du Sonoyta - À quelle occasion avez-vous rencontré Jijé ?

- À l'époque je travaille aussi comme documentariste, je fais beaucoup de publicité, c'est comme ça que je collabore avec Benoît Gillain pour "Les histoires de Bonux Boy" (une quinzaine d'histoires, que je n'avais pas signées, vers 1960-61). Comme je n'ai eu en tout et pour tout entre les mains qu'un ou deux exemplaires de ces minuscules fascicules publicitaires qu'on trouvait dans les boîtes de lessive de la marque, je ne sais pas aujourd'hui, si j'avais la série sous la main, si je reconnaîtrais mes petits... Mais son père, c'était plus tôt, pour une aventure de Jerry Spring parue dans Spirou en 1957-1958, "Les trois barbus de Sonoyta" et reprise en album Dupuis l'année suivante. Nous nous étions rencontrés après la publication dans BAYARD de l'article sur "Bill Jourdan" ; la rédaction attachait pas mal d'importance à ce western et avait publié en tiré à part et distribué - lors d'une conférence de presse interne destinée à la profession où j'avais pris la parole - une version plus développée de l'article (Tiré à part vraisemblablement publié à partir d'une revue corporatiste de la Bonne Presse ; le document faisait une vingtaine de pages (F. R.)). Jijé en avait eu connaissance et m'avait proposé d'écrire pour lui ce scénario. Dans son esprit il devait y en avoir plusieurs. Mais je crois que si notre collaboration ne s'est pas poursuivie c'est que nous étions en désaccord sur un point, nous avions même deux optiques radicalement différentes: je souhaitais de plus en plus libérer l'image du texte, et Jijé voulait davantage de texte au contraire. Vous savez qu'il crayonnait, surtout, c'était son fils qui faisait l'encrage. Il avait donc beaucoup de temps qu'il mettait à profit pour écrire, et il écrivait beaucoup de texte, forcément... Bonux Boy

Mais nous nous rencontrions souvent à l'époque. Moi, j'avais amassé de la documentation pour mon western dans les bibliothèques. Lui, bien des années avant, avec Morris et Franquin, il était parti aux Etats-Unis où il est resté assez longtemps. Il m'a raconté tout ça, c'est lui qui m'a parlé de la revue MAD, il m'en avait apporté, c'était la première fois que j'en voyais un numéro...

Tiki

- Et ensuite, c'est le début de votre collaboration à Aventures et voyages ?

- Oui. Quand tout s'arrête brutalement, BAYARD et "L'homme du 20° siècle", vers 1964, je me retrouve au dépourvu. Et au chômage, donc. C'est alors que je rencontre Mme Ratier qui m'a apporté la stabilité.

Est-ce moi, ou elle, qui propose ce travail, je ne me souviens plus, en tout cas je repars de notre entretien avec 60 fascicules que j'adapte dans la foulée. Et c'est le début d'une collaboration de 20 ans. Au début payé comme pigiste, ou au noir, à la suite de problèmes avec l'entreprise, je suis embauché comme "secrétaire général", Mme Ratier, propriétaire d'Aventures et voyages, ayant quant à elle le titre de rédactrice en chef. J'adaptais ainsi pendant 20 ans, à raison de 20 à 25 titres par mois, plusieurs milliers d'histoires (une centaine d'histoires d'"Akim" en particulier dont je trouvais les scénarios particulièrement indigents). En général je travaillais sur des originaux italiens, mais aussi anglais, allemands et espagnols, et même néerlandais. Comme je passais sans difficulté d'une langue à l'autre, ça leur évitait de payer un traducteur... J'ai aussi essayé de faire acheter des histoires brésiliennes, mais sans succès. Non qu'elles fussent très bonnes, c'était surtout à cause de mon envie de faire du portugais... Les petits enfants de Mme Ratier se procuraient les fascicules lors de leurs séjours à l'étranger. Je travaillais un peu à l'écriture automatique : c'étaient toujours des adaptations, mais j'en avais tellement l'habitude, maintenant, que ça devenait presque ça, de l'écriture automatique. Pendant ces vingt ans, je n'ai eu que deux conflits (mineurs) avec Mme Ratier: le premier sur la longueur des textes, je voulais les réduire, elle voulait que je les développe, comme Jijé pour "Les trois barbus de Sonoyta" ; le second surtout avec le petit-fils qui souhaitait qu'Aventures et voyages adapte "Spiderman" ; hostile aux super héros, j'ai refusé. Puis est venue la fin de l'aventure Aventures et voyages. Je me suis retiré progressivement vers 1980, pour prendre une retraite définitive à 60 ans, en 1984. Je vis depuis longtemps en Corse, où j'ai pratiquement toujours travaillé à domicile.

Propos recueillis par François Rahier entre janvier et juillet 2005.

PRÉCISIONS SUR LA FONCTION DE «SECRÉTAIRE GÉNÉRAL» DE JEAN ACQUAVIVA CHEZ AVENTURES ET VOYAGES

C'est pour régulariser une situation à laquelle le fisc s'intéressait de près - quelle fonction au juste occupe ce monsieur, pour qu'il justifie d'émoluments aussi importants 7 - que Mme Ratier lui donna ce titre. Elle était directrice de publication, et également rédactrice en chef; or dans le journalisme une même personne ne peut occuper ces deux fonctions en même temps, et dans ce cas celui qui fait fonction de rédacteur en chef reçoit habituellement le titre de secrétaire général. Mme Ratier aurait bien voulu qu'Acquaviva travaille avec elle à la rédaction, elle lui avait même fait installer un bureau dans le sien. « - Au bout de trois jours je lui sortais par les yeux » dit-il. Elle accepta alors le compromis suivant : Acquaviva viendrait à Paris une fois par mois ; au début il vivait à L'Isle-Adam, ça allait. Mais quand il déménagea à Aix, il continua d'effectuer le trajet, un peu moins souvent quand il s'installa en Corse. Régulièrement, toutes les semaines, il envoyait ses manuscrits (avec les originaux, ou les photocopies d'originaux sur lesquels il avait travaillé) soigneusement empaquetés, par avion, les remettant lui-même à un homme de confiance du personnel navigant qu'il rencontrait à la tour de contrôle d'Aix. Mme Ratier récupérait le colis à Orly de la même façon. Acquaviva réalisait environ les deux tiers des adaptations, traduisant ou adaptant les textes, remontant ou recadrant très souvent ; il donnait sur les manuscrits les indications et les découpages étaient effectués à la rédaction. Ferrer, son lettriste de BAYARD, continuait à travailler avec lui. Quelquefois ils effectuaient ensemble les achats de droits à l'étranger. Un jour Ferrer qui s'était juré de ne pas remettre les pieds en Espagne du vivant de Franco l'accompagna à Barcelone au siège de Selecciones llustradas; il était très heureux de revoir sa famille et ses amis, descendus tout exprès d'un petit village de montagne. Pour Selecciones, il y avait parfois ce qu'il appelait des "façonniers" (qui écrivaient [en espagnol) et dessinaient directement pour Aventures et voyages). Acquaviva achetait donc des histoires, Mme Ratier également, ensuite ce furent surtout les petits enfants...

F. Rahier

Les verres de contact La grande épreuve Velthur le pacifique

ESSAI DE BIBLIOGRAPHIE

Informations disponibles sur BDoubliees et mises à jour :

Graziani Antoine : Liens vers d'autres sites et bibliographie sur BDoubliees.com

Informations non disponibles sur BDoubliees et compilées par Louis Cance :

BERNADETTE

A l'arrêt de BAYARD, Jean Acquaviva avait livré une quinzaine de récits complets qui ne sont pas parus dans ce journal. Quelques-uns ont été utilisés dans RECORD et nous en avons retrouvé quelques autres dans BERNADETTE, hebdomadaire du même éditeur, où ils ont été publiés sans être crédités du nom du scénariste :

73 (02.06.62)CAPITAINE COURAGEUX(Forget)4p1
82 (04.11.62)MERMOZ L'AIGLE DES ANDES(Ribera)4p1
84 (18.11.62)LE VERITABLE ROBINSON(Ribera)4p1
86 (02.12.62)LA VERITE SUR LA PALICE(D'Orange)4p1
87 (09.12.62)ROI DE LA DYNAMITE ET CHEVALIER DE LA PAIX(Jordom)4p1
99 (03.03.63)L'ODYSSES DU SPIRIT OF ST LOUIS(Ribera)3p1
118 (14.7.63)16 HOMMES ET LA NUIT(Ribera)4p1

Semblent être restés inédits: "Ladoumègue", "Le Vésuve", "Le Monstre du Loch Ness", "La bataille d'Hernani", "Guilbert", "Nadar","Tycho-Brahé"...

POSTES ET TELECOMMUNICATIONS (mensuel des PTT

La grande aventure de la poste

TRAVAUX DIVERS

La ruée vers l'or La clé d'Antar Stop au signal rouge

Mon Journal

Du 9 septembre 1965 au 26 février 1985, Antoine Graziani a traduit et adapté près de 300 séries d'origines les plus diverses: Italie, Argentine, Grande Bretagne, Etats Unis, Allemagne, Espagne... soit un total de plus de 3200 épisodes. Difficile de faire un recensement exhaustif de ces récits puisque non crédités, aussi nous avons adopté un classement sommaire par titres de revues. Certaines séries se déplacent d'un titre à l'autre ou ont été reprises plusieurs fois, d'où des répétitions. Enfin, il reste des titres à classer, A.Graziani ayant noté son travail avec le titre de départ qui a pu changer au moment de la publication.

APACHES

WHIPII

BRIK

PIRATES

AKIM

AKIM COLOR

BENGALI

SAFARI

YATACA

CAPTAIN SWING

EN GARDE

TIPI

CARABINA SLIM

PISTES SAUVAGES

TOTEM (2° série)

LONG RIFLE

LA ROUTE DE L'OUEST

EL BRAVO

IVANHOE

LANCELOT

MARCO PLOLO

SHIRLEY

PAMELA

JANUS STARK

TROPHEE

SKATER

COUPS DURS

EN PISTE

VICK

LES ROIS DE L'EXPLOIT

SUNNY SUN

ATEMI

ANTARES

SUPER FORCE

FORCE X

TCHAK

0000H!

BOZO

ROBBIE

MINOU CAT

JOSELITO (1 à 12)

LES INDOMPTABLES (1 à 9)

DAN PANTHER (1 à 12)

ROCAMBOLE (1 à 20 puis 21 à 44 avec Rouletabille)

ROULETABILLE (1 à 11)

MISTER NO (1 à 113)

ALBUMS

A CLASSER

BILLY THE KID 1975 - CANDY O'KEEFE 1969 - COMMISSAIRE TETE-DE-BOIS 1972 - LE CLUB DU RING 1978 - DUMANOIR 1970 - EDMOND LA HACHE 1966 - HENRY SLOW 1973 - IVANHOE 1973 -LES INVINCIBLES 1969 - JAMAIS 2 SANS 3 (1971) - KID METEOR 1966 - LA LOI DE L'OUEST 1984 - MADDISON HOTEL 1969 - MYRNA 1969 - L'OMBRE DE LA FORCE 1979 - OLD MEXICO 1982 - PINO 1970 - RUMBY 1969 - SUPERSONN 1979 - STORMFLYER 1980 - STORY BOY 1981 - STIRN 1982 - LA TRIBU DU SACHEM 1970 - LA TRIQUE 1967 - TUR¬LUPIN 1967 - THAROK 1969 - VIC MORGAN 1968 - VALIANT STORY OF THE WEST 1966 - LA VILLE DE NULLE PART 1969 - ZINE BOUM 1975

Toutes ces références sont tirées des archives personnelles d'Antoine Graziani, qui avait bien voulu tenir à notre disposition les gros registres reliés où il notait soigneusement l'ensemble de ses travaux, et qui tenaient parfois du journal de bord ou du journal intime.

Louis Cance et François Rahier

Remerciements : Antoine Graziani, L. Marciano, Gérard Thomassian, Louis Marticorena.

Tit Jo Bill JOurdan Pascal et Michèle Monfort

Merci à Simone Cance, François Rahier et la famille Graziani qui ont donné leur accord pour la reproduction de ces articles.
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