Les numéros 1 à 52 paraissent dans l'année en Belgique uniquement.

Chaque numéro a 20 pages dans un format 18 sur 27 cm. La couverture est en couleurs et le reste des pages en noir et blanc avec des appoints de rouge. A partir du numéro 11, la dernière page est également en couleurs.

Le prix de vente est de 5 FB.

Sur la couverture, l'intérieur du "O" de HEROIC contient une main tenant un révolver ou, le plus souvent, un dessin en rapport avec l'histoire complète du numéro.

LA FORMULE FINALE

Les années d’après-guerre ont été fatales pour beaucoup de publications pour la jeunesse. Après Bimbo, début 1949, c’est Wrill qui dépose les armes fin 1949, puis Story, avalé par Mickey et enfin Bravo qui s’époumonera jusqu’en 1951.

Les ténors européens, Spirou et Tintin, observent ces chutes avec attention, mais aussi la bonne tenue de ce petit magazine prônant le récit complet qui leur tient la dragée haute !

Cheneval, conscient de l’attente de certains lecteurs, avait inclus avec l’aide de son compère Funcken dès le numéro 35 de 1949 un à deux « strips » où les principaux personnages de leurs récits complets revenaient entre deux aventures. Il généralisa cette méthode à tous les personnages et cela deviendra le fameux « Programme non-stop » au numéro 25 de 1950. Le lecteur pouvait alors suivre son ou ses personnages favoris parfois sur une page entière, clôturant l’épisode précédent ou annonçant et préparant la future aventure. Cheneval arriva ainsi à la formule définitive de son journal. 3/5 de récit complet, 1/5 de rédactionnel avec 1 page d’un récit à suivre et 1/5 de programmes non-stop, le tout dans un journal de 20 pages. Il s’appuya pour développer cette formule finale sur Maurice Tillieux avec Félix et Albert Weinberg avec Luc Condor, ses piliers. Pour compléter ce trio, Cheneval avait accepté la proposition de Marcel Moniquet de lancer une saga historique flamande. Ainsi, après une présentation dans le programme Non-Stop, arriva « Jean des Flandres » au numéro 7 de l’année. Cette série épique trouva un vif succès auprès des Néerlandais car elle avait pour toile de fond l’histoire de la Flandre au 17ème siècle, sous l’occupation espagnole ! Foisonnante, truculente, avec une belle restitution de l’architecture de l’époque et des personnages picaresques, cette épopée totalisera près de 800 planches et alimentera le journal pendant plus de cinq ans ! Avec les 10 récits du Condor, les 8 aventures de Félix et l’épopée de Jean des Flandres qui commence sur 8 récits, Cheneval a la moitié de son sommaire de l’année 1950.

La chute de l’empire Guy Depière qu’avait craint Cheneval dès 1945 ne l’empêcha pas d’aider son ancien patron. Il lui proposa de reprendre avec Funcken, moyennant des droits, la série des Tommy Tuller dès la fin 1949. Il travailla alors avec Funcken sur le dépoussiérage de 9 récits complets dont 7 seront publiés en 1950. Il fit de même avec son propre travail et reprit Akkor le roi de la planète qui réapparaitra au n°50 de l’année. Ce travail de reprise ralentit alors sa production personnelle qui n’apporte « que » 3 Attila et 1 Tim Tom pour cette 5ème année. Christo quant à lui s’oriente vers le récit policier. Il crée un détective, Jim Grant, héros de l’histoire du Crâne d’Or qui ornera la dernière page du journal jusqu’en 1951. Il reprendra ce personnage dans deux récits complets dont le premier paraitra au n°52. Mais il ne sera pas à l’aise dans le genre et modifiera sa course en 1951. Fidèle à l’esprit qui l’anime depuis 1945, Cheneval va chercher des débutants prometteurs qui ne sont pas à l’aise dans leurs travaux imposés. C’est ainsi qu’un jeune garçon, François Craenhals, après avoir travaillé sur une commande de son rédacteur en chef chez Soir d’un Thyl Eulenspiegel (qui ne paraitra que 27 ans plus tard !) accepta les conditions de Cheneval et rejoignit l’équipe au numéro 14 de l’année avec la série Karan inspirée de Tarzan. Ce furent de brillants débuts qui ne laissèrent pas insensible la concurrence… En effet Le Lombard cherchait aussi de jeunes talents et il piocha dans les petits nouveaux d’Héroïc-Albums. Ce fut d’abord Albert Weinberg qui fut approché et qui accepta la proposition du Lombard tout en restant fidèle à Cheneval puisqu’il collaborera à Héroïc-Albums jusqu’à la fin. Puis le jeune Craenhals cédera lui aussi aux sirènes après deux années de production enlevée (huit Karan et un mystère de l’histoire).

Enfin, par l’intermédiaire de Ténas et de Ralli, Cheneval accepte de rencontrer un jeune et bouillant dessinateur français, Gilbert Gascard, qui le presse de lancer un héros dans le milieu des gangsters qui redevenait très en vogue dans ce début 50. Au mois de novembre 1950, au n°47, apparait « Dave O’Flynn » signé Tibet.

Avec son flair, ces trouvailles et un travail passionné, Fernand Cheneval avait réussi son pari en 6 ans. Il avait créé un mensuel de 12 pages devenu un hebdomadaire innovant de 20 pages !